Art moderne

Orsay et l’Orangerie feront découvrir aux Russes leur compatriote Chaïm Soutine

Par Emmanuel Grynszpan, correspondant à Moscou · lejournaldesarts.fr

Le 29 mai 2017 - 514 mots

PARIS

MOSCOU (RUSSIE) [29.05.17] - Alors que Vladimir Poutine inaugure aujourd’hui à Versailles une exposition consacrée à Pierre le Grand, le Musée Pouchkine organisera cet automne une rétrospective Soutine avec des prêts de musées français.

Le Musée Pouchkine va accueillir le 23 octobre prochain la première exposition en Russie consacrée à Chaïm Soutine, figure centrale de l’École de Paris : « Soutine le parigot redevient russe », a souligné la présidente des Musées d’Orsay et de l’Orangerie, Laurence des Cars, lors d’une conférence de presse mardi 23 mai à l’ambassade de France à Moscou. L’initiative revient à Marina Lochak, directrice du Musée Pouchkine.

Né près de Minsk (aujourd’hui au Belarus) en 1893, Soutine s’est installé vers 1912 à Paris, où il est mort en 1943. Il a laissé derrière lui une oeuvre de 600 toiles (dont une très grande partie se trouve aux États-Unis), qui a influencé en particulier l’expressionnisme abstrait de l’École de New York.

En revanche, Soutine est resté largement méconnu dans sa patrie d’origine. Quelques-uns de ses tableaux ont été exposés dans l’ex-Musée de la Nouvelle Peinture Occidentale (GMZI en Russe) entre 1919 et 1948, à l’occasion d’expositions itinérantes. Il a fallu attendre une exposition consacrée à l’École de Paris par le Musée Pouchkine en 2012 pour que le public moscovite découvre l’artiste.

L’exposition Soutine comportera une cinquantaine d’oeuvres de l’artiste. Une vingtaine sont prêtées par l’Orangerie tandis que le Centre Pompidou et le Musée d’art moderne de la ville de Paris en ont chacun prêté quatre. Des collectionneurs privés ont aussi participé, en particulier le milliardaire russe Viatcheslav Kantor, qui a prêté une dizaine d’oeuvres, a expliqué au Journal des Arts Souria Sadekova, cheffe du département de programmation culturelle et des projets d’exposition du Musée Pouchkine. « Les autres oeuvres viennent de cinq collections privées russes que nous ne sommes pas autorisés à dévoiler pour le moment », poursuit-elle en déplorant que «  les musées américains n’ont pu se joindre au projet à cause de la rupture des liens avec les musées russes [liée au conflit autour de la collection Schneerson] ». Chaïm Soutine est aujourd’hui l’un des artistes les plus prisés par les collectionneurs russes.

Les commissaires de l’exposition Soutine sont Souria Sadekova et Claire Bernardi, conservatrice de peinture au Musée d’Orsay. Mme Sadekova a précisé que l’exposition comprendra, hormis les oeuvres de Soutine, bien des oeuvres d’artistes ayant influencé ou ayant été influencés par l’artiste russe.

Les organisateurs ont tenu a précisé que cette exposition marque un renforcement des liens entre les musées Pouchkine, Orsay et l’Orangerie. «  Nos collections sont soeurs et les relations de confiance entre nous sont au plus haut niveau », explique Laurence des Cars. L’ambassadeur de France Jean-Maurice Ripert en a profité pour « rappeler à ceux qui ne cessent de se lamenter du niveau des relations franco-russe, que nos relations sont toujours très fortes, malgré toutes les difficultés, parce que nos cultures sont reliés entre elles. Et il ne peut en être autrement. »

Vladimir Poutine se rend à Paris (plus exactement à Versailles) pour inaugurer le 29 mai une exposition consacrée aux 300 ans de la visite en France de Pierre le Grand.

Légende photo

Chaïm Soutine (1893-1943), Paysage avec personnage, vers 1918-1919, huile sur toile, Musée de l'Orangerie, Paris

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