Münter, l’oubliée du Cavalier bleu

Il aura ainsi fallu attendre 2025 pour que la peintre Gabriele Münter (1877-1962) reçoive enfin les honneurs d’une rétrospective en France. Un oubli d’autant plus frappant qu’il y a eu par le passé pléthore d’expositions consacrées à l’expressionnisme allemand et des monographies de ses principaux représentants. À commencer par Vassily Kandinsky, le géant qui a tant fait d’ombre à Münter. Jusqu’à une date récente, on la présentait en effet au mieux comme sa compagne, quand elle ne passait pas tout simplement à la trappe du récit des avant-gardes. Un comble pour la cofondatrice du célèbre mouvement du Cavalier bleu ! C’est en effet une passionnante et talentueuse artiste que l’on découvre ce printemps au Musée d’art moderne de Paris. Pour cette pionnière, dont la carrière foisonnante se déploie sur plus de soixante ans, cette exposition est un retour aux sources puisque c’est ici qu’elle commence sa carrière en exposant au Salon d’automne de 1906. Ce n’est pas la première fois que la jeune femme s’aventure loin de son Berlin natal. Elle est déjà allée aux États-Unis et en Tunisie, et a ramené de ses périples des inspirations nouvelles. Outre-Atlantique, elle se passionne pour la photographie, pratique dont l’esthétique et les cadrages façonnent durablement ses débuts en peinture. De Paris, elle emporte le choc de la couleur pure des Fauves, une rencontre qui va tant compter dans l’émergence de l’expressionnisme. Tandis que son installation en Scandinavie durant la Grande Guerre confère encore une autre tonalité à sa manière si personnelle et en perpétuel renouvellement. C’est cette trajectoire hors norme, celle d’une grande créatrice qui n’a cessé d’expérimenter, que racontent les 170 peintures, photographies, gravures rassemblées ici.