L’opéra funèbre d’Alexander McQueen

Consacrée au sulfureux Alexander McQueen, le trublion de la mode britannique qui mit fin à ses jours le 11 février 2010, celle qui se tient au Victoria and Albert Museum est, sans conteste, l’une des plus magiques de ces toutes dernières années. Dans une ambiance de cabinet des merveilles d’une beauté sépulcrale, le visiteur déambule dans un état quasi hypnotique, le regard happé par les tenues excentriques, romantiques, exotiques ou oniriques nées du cerveau torturé de ce grand créateur. Car cet apprenti sorcier du ciseau (qui fit ses premières gammes dans la très prestigieuse école Saint Martins de Londres) repoussa très jeune les frontières de la mode pour flirter avec les univers du cinéma, de la danse et du théâtre. Grand admirateur des films d’Hitchcock et de Scorsese, ami du créateur de chapeaux Philip Treacy et du non moins conventionnel joaillier Shaun Leane, ce tailleur de génie sculpta des tenues extravagantes pour des artistes aussi différents que David Bowie, Björk ou Lady Gaga. Qu’elles soient en plumes, en cuir, en soie brodée ou en tartan, ses créations marièrent ainsi avec brio sophistication et extravagance, classicisme et futurisme, primitivisme et science-fiction. Avec, pour chacun de ses défilés, un seul mot d’ordre : subjuguer. Cinq années après sa disparition brutale, l’étoile d’Alexander McQueen brille encore…