Art moderne

Paris-15e

L’obsession Beethoven d’Antoine Bourdelle

Musée Bourdelle - Jusqu’au 17 janvier 2021

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 27 octobre 2020 - 305 mots

Pom pom pom pooom ! Ses symphonies et concertos sont si célèbres et vibrants qu’on les reconnaît presque instantanément.

Quelques mesures suffisent ainsi à identifier une partition de Ludwig van Beethoven. Plus surprenant, quelques traits suffisent aussi à le reconnaître : un front volontaire, une crinière échevelée et un regard aussi perçant que torturé. Le compositeur est en effet un des rares, pour ne pas dire le seul musicien classique dont la physionomie nous est familière. Et pour cause, car depuis l’époque romantique, les artistes se sont attelés à nous restituer son portrait-robot, une figure qui se confond progressivement dans l’imaginaire collectif avec l’incarnation même du génie solitaire et de l’artiste maudit. Parmi les innombrables créateurs inspirés par le démiurge, de Stieler à Godard en passant par Klimt, il en est un chez qui cette passion frise l’obsession. Jugez un peu : en l’espace de quatre décennies, ce ne sont pas moins de quatre-vingts sculptures et une vingtaine de dessins et photographies qu’Antoine Bourdelle lui consacre. Plus troublant encore, le sculpteur s’identifie, physiquement autant que symboliquement, à cette figure tutélaire. À la fois père spirituel et double spéculaire, Beethoven l’accompagne ainsi tout au long de sa carrière et de ses recherches plastiques et stylistiques, devenant un inépuisable leitmotiv. De manière éminemment musicale, le sculpteur décline les variations sur le portrait de Beethoven, tour à tour naturaliste, expressionniste ou syncrétique. Dans son nouvel accrochage, le Musée Bourdelle raconte ce captivant compagnonnage artistique. À côté des portraits iconiques, notamment le Beethoven aux grands cheveux, le parcours pensé par Colin Lemoine [collaborateur de L’Œil, ndlr] dévoile des pièces plus inattendues et méconnues, tel l’héroïque Beethoven dans le vent. Ce parcours riche en surprises regorge de pépites sorties exceptionnellement des réserves, à l’image du mystique Beethoven La Pathétique, ou du symboliste Beethoven au rocher. Un stimulant dialogue de géants.

« Bourdelle devant Beethoven »,
Musée Bourdelle, 18, rue Antoine-Bourdelle, Paris-15e, bourdelle.paris.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°738 du 1 novembre 2020, avec le titre suivant : L’obsession Beethoven d’Antoine Bourdelle

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