Les traces de la Grande Guerre

Il en ressort une proposition hétéroclite, composée d’installations réalisées en matériaux qu’il a trouvés sur place, comme Le Passage (le cimetière), un couloir de feuilles mortes dans lequel le visiteur est invité à s’engouffrer, quand Ciels (Verdun) présente une vue aérienne du champ de bataille réalisée en plaque de médium défoncé au merlin. L’artiste questionne le rapport à la terre et à l’état de contemplation face au paysage, à l’image de Caspar David Friedrich (1774-1840) et ses paysages romantiques. Ici, le personnage a disparu, c’est au tour du public de prendre la place du protagoniste pour contempler l’horizon. On apprécie aussi la série d’encres bleues sur papiers dans lesquelles Thibault Lucas s’est attelé à peindre les sols chaotiques des conflits, ce grand mur aux multiples dessins devenant alors un seul paysage bleu, dégageant une étrange poésie. La nature, véritable fil conducteur de l’exposition est également la mémoire de l’Homme ; dans Les Habitants (les descendants), l’artiste expose une multitude de portraits d’arbres, en écho à la forêt qui a poussé sur les lieux, comme des personnifications des soldats tombés au front. Loin d’être un hommage à proprement parler historique, l’exposition tend à instaurer un climat à la frontière du spirituel dans un lieu qui, plus qu’un cimetière, est un lieu de mémoire.