Photographie - Prix

Les lauréats des prix Niépce et Nadar enfin exposés

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 3 février 2023 - 706 mots

La 2e édition de « La photographie à tout prix », à la BNF, rend hommage aux photographes récompensés, en France, en 2022.

Paris. La France compte plusieurs prix de photographie qui livrent leurs lauréats chaque année. Les lieux des cérémonies de remise des prix varient selon les organisateurs, la nature et la notoriété du prix. Dès la création des prix Niépce et Nadar en 1955, par l’association Gens d’images, la Bibliothèque nationale de France (BNF) a accueilli leurs cérémonies sur le site de Richelieu. Le premier, le plus ancien des prix de photographie professionnelle, récompense le travail d’un photographe confirmé de moins de cinquante ans, français ou résident en France depuis plus de trois ans ; le second distingue un livre de photographie édité en France au cours de l’année. Associée à leur jury, la BNF acquiert systématiquement depuis 2015 des photographies du lauréat du prix Niépce – le livre lauréat du prix Nadar rentrant dans les collections par le dépôt légal. Pourtant, jusqu’à récemment, ces deux prix n’ont jamais fait l’objet d’une exposition, ni au sein de l’établissement public, ni ailleurs en France. Seule la Bourse du talent, créée en 1997 par Didier de Faÿs, avec le soutien de la Picto Foundation, bénéficie depuis 2010 d’une présentation de ses lauréats, justement, à la BNF.

Panorama de la création photographique française

L’exposition « La photographie à tout prix. Une année de prix photographiques à la BNF », l’an dernier, a remédié à cette situation. Pour la première fois, l’institution présentait l’ensemble des lauréats des prix dont elle est partenaire, du prix Niépce au prix du Tirage, créé en 2020 par le Collège international de photographie et les collectionneurs Florence et Damien Bachelot. La BNF reconduit l’opération cette année avec les lauréats 2022, en les exposant le long des cimaises de l’allée Julien-Cain (13e arrondissement) en accès libre.

Sous le commissariat d’Héloïse Conesa, conservatrice du département des Estampes et de la Photographie à la BNF, l’exposition donne une visibilité du travail de chacun de ces photographes. L’articulation des travaux lauréats fait preuve d’une grande clarté, d’une élégance et d’un accrochage bien rythmé ; la qualité des tirages et les formats différents sont appropriés aux images.

Leur contenu séduit encore plus. Julien Magre, lauréat du prix Niépce 2022, pose son regard sur sa femme et ses trois enfants, par un délicat travelling de quarante-trois photographies réalisées entre 1999 et 2020. Un récit en petits et grands formats, en couleur, ou en noir et blanc où une seule attitude, un seul geste ou un objet suffisent à exprimer un moment de leur existence. Le sens du cadrage, celui de la lumière, de la chromie et de l’ellipse interpellent par leur finesse. Le nombre de cimaises consacrées au récit lui permet de se déployer de manière aérée tandis qu’une vitrine présente quelques pièces du dossier de candidature composé de tirages, de textes et de livres autopubliés ou publiés chez Filigrane, ainsi que la lettre de Philippe Guionie, rapporteur de la candidature de Julien Magre.

L’envers du décor

« Un créateur n’est jamais isolé », souligne Héloïse Conesa pour expliquer l’importance accordée dans l’exposition à la mise en valeur de l’écosystème auquel fait partie chaque lauréat. Le prix Nadar 2022 décerné au livre Siempre que de Céline Coze, publié aux éditions lamaindonne, bénéficie du même dispositif que Julien Magre avec, ici, les doubles pages du livre agrandies et exposées au mur, extraits du voyage au Venezuela entamé par l’auteure après la mort de Yair, un jeune gangster de 27 ans rencontré en marge du tournage d’un film. La vitrine attenante présente les neuf autres livres finalistes.

La réunion des pièces emblématiques du travail de Laurent Lafolie, prix du Tirage-Florence et Damien Bachelot 2022, et ses carnets de recherches présentant les supports et techniques qu’il utilise, donne un bel aperçu de son approche du portrait. Les lauréats de la Bourse du talent, tels que la toute jeune Paloma Laudet pour son travail documentaire sur Calais et Adeline Care avec son conte photographique sur la disparition de l’homme complètent ce panorama de la création photographique en France que les institutions parisiennes rechignent à exposer. La BNF a toutefois convaincu le Jeu de paume de présenter, cet été, au château de Tours, une exposition des travaux de Julien Magre.

La photographie à tout prix. Une année de prix photographiques à la BNF,
jusqu’au 12 mars, BNF-François-Mitterrand, Quai François-Mauriac, 75013 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°604 du 3 février 2023, avec le titre suivant : Les lauréats des prix Niépce et Nadar enfin exposés

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