Aubagne

Les céramiques enfiévrées de Picasso

150 céramiques de Picasso exécutées dans l’atelier Madoura à Vallauris

Le Journal des Arts

Le 21 mai 2013 - 383 mots

AUBAGNE - Après avoir monté en 2004 une grande exposition sur les liens entre céramique et peinture dans l’œuvre de Picasso, les commissaires Joséphine Matamoros et Bruno Gaudichon ont resserré leur sujet de prédilection.

« L’exposition s’inscrit totalement dans la thématique de la Méditerranée, et dans un territoire, Aubagne, ancré traditionnellement dans la céramique », explique Joséphine Matamoros. « Picasso céramiste et la Méditerranée » présente près de 150 céramiques de l’artiste, exécutées à Vallauris de la fin des années 1940 au début des années 1960, dans l’atelier Madoura dirigé par les époux Ramié. Le parcours s’enchaîne avec facilité, les œuvres présentées de manière thématique illustrant la profusion et l’extrême inventivité de Picasso : formes, glaçures, engobes, l’artiste investit la terre cuite avec passion et une certaine joie de vivre. Dès l’entrée, le Vase aux danseuses ou Bacchanale (1950, coll. part.) impressionne par sa maîtrise des proportions et la liberté des motifs. Les personnages hérités de la céramique grecque antique s’y distinguent sur un fond d’engobe blanc ; la sûreté des lignes répondant à la sobriété des effets.

Céramiques « sculptées »
Dès 1947, Picasso collabore avec l’atelier Madoura, qui lui fournit des formes et des techniques pour ses œuvres, souvent inspirées de l’Antiquité. Très vite, l’artiste cannibalise l’atelier : vases, plats, bouteilles, tommettes et tuiles, il utilise jusqu’aux déchets de poterie pour ses travaux de recherches. La séquence dévolue à la figure du taureau est révélatrice de cette boulimie de travail. Entre plats d’exception montrant des tauromachies et des corridas, échos nostalgiques de l’Espagne, et des petites dalles de sol où la figure animale semble à peine esquissée, les motifs choisis par Picasso révèlent ses obsessions. Avec les formes de Madoura, Picasso transforme la céramique en sculpture à part entière. La Femme aux cheveux verts (1948, coll. part.) montre les recherches attentives sur la cuisson, les couleurs, la mise en relief des surfaces planes : entre sculpture et peinture, Picasso dynamite les frontières des arts. À Aubagne, les céramiques de Picasso se révèlent chefs-d’œuvre de terre et de feu : enfin une exposition digne de la capitale culturelle.

Légende photo

Pablo Picasso, Femme aux cheveux verts, juillet 1948, plaques rectangulaires juxtaposées, terre cuite blanche, gravée, peinte aux oxydes, sous couverte, 236 x 59 x 1 cm, collection particulière. - © Photo Maurice Aeschimann.

Picasso céramiste et la Méditerranée

Jusqu’au 13 octobre, Chapelle des Pénitents Noirs, Les Aires Saint-Michel, 13400 Aubagne, tél. 04 42 03 49 98, www.picasso2013.fr, tlj 9h30-19h30. Catalogue, éditions Gallimard, 224 p., 39 €

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°392 du 24 mai 2013, avec le titre suivant : Les céramiques enfiévrées de Picasso

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