Musée

Le judaïsme de A à Z

Par Laure Meyer · L'ŒIL

Le 1 décembre 1998 - 447 mots

Plus de dix ans d’efforts ont été nécessaires pour créer le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme qui ouvre ses portes à Paris dans l’Hôtel de Saint-Aignan, au cœur du quartier du Marais.

Dès le début des années quatre-vingt, était lancé – conjointement par le Ministère de la Culture et de la Communication et par la Mairie de Paris –, le projet de loger dans ce magnifique hôtel du XVIIe siècle, un musée chargé de conserver, étudier, diffuser et mettre en valeur le patrimoine culturel du judaïsme. Laurence Sigal, conservateur chargée de la réalisation de ce programme depuis 1988, en a conçu l’organisation muséographique. Les collections initiales avaient une double origine : l’ancien Musée d’Art juif d’une part, et d’autre part un important dépôt du Musée national du Moyen Âge, comportant des objets d’art cultuels ainsi qu’un ensemble de stèles funéraires juives des XIIIe et XIVe siècles. Une politique d’acquisition, de nombreux dons et des prêts de grands musées ont permis de constituer un ensemble unique couvrant toute l’histoire et l’art du judaïsme.

La restauration de l’hôtel, confiée à Bernard Fonquernie, architecte en chef des monuments historiques, a été complétée pour les espaces intérieurs par Catherine Bizouard et François Pin. Les matériaux choisis – bois, verre, acier et marbre gris –, tout comme le sobre mobilier contemporain, créent une atmosphère élégante et dépouillée, dans laquelle les indispensables vitrines se font oublier. Nombreux sont les objectifs du musée qui doit présenter à la fois des documents purement historiques et des objets d’art. Jalonnant la longue et tumultueuse histoire du peuple juif depuis le Moyen Âge, les manuscrits  voisinent avec des documents qui ont marqué les grands courants migratoires, les persécutions, la Révolution française et l’émancipation des Juifs, l’affaire Dreyfus, les drames du XXe siècle. L’art, quant à lui, est très souvent, pour des objets cultuels, un art de l’orfèvrerie dû à des artistes juifs ou chrétiens. Les vues d’architecture, tout comme les maquettes de synagogues, évoquent des bâtiments modestes. Le luxe était interdit, tout comme les cloches, la sculpture inexistante ; mais les représentations figurées sont nombreuses, qu’il s’agisse de mettre la Bible en images ou de peindre des portraits de rabbins ou d’hommes célèbres, philosophes comme Spinoza ou politiciens comme Crémieux. Musée de civilisation, le Musée du judaïsme évoque la vie quotidienne des communautés juives sous tous leurs aspects, cadre de vie, organisation sociale. Pour le XXe siècle, les œuvres d’artistes juifs comptent parmi les pièces majeures du musée, qu’il s’agisse des peintres Soutine, Chagall, Modigliani et Kikoïne, ou des sculpteurs Chana Orlof, Zadkine ou Lipchitz.

Musée d’Art et d’Histoire du judaïsme, Hôtel de Saint-Aignan, 71, rue du Temple 75003 Paris, tél. 01 53 01 86 53, ouverture le 6 décembre.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°502 du 1 décembre 1998, avec le titre suivant : Le judaïsme de A à Z

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