Foire & Salon

Mattancherry et Ernakulam (Inde)

Le futur selon la Biennale de Cochin

Divers lieux - Jusqu’au 29 mars 2019

Par Christian Simenc · L'ŒIL

Le 21 janvier 2019 - 508 mots

COCHIN / INDE

Pour la première fois depuis sa création, en 2012, la Kochi-Muziris Biennale (Biennale d’art contemporain de Cochin), en Inde, propulse à sa tête, une femme : l’artiste et critique d’art indienne Anita Dube, 60 ans.

La commissaire générale a choisi comme thème : « Possibilities for a Non-Alienated Life » (« Les possibilités d’une vie non aliénée »). « Aujourd’hui, on ne se parle plus qu’à travers une multitude d’interfaces, regrette-t-elle. Je veux recréer des connexions, démarrer des conversations, susciter le dialogue, c’est aussi simple que cela. Cette Biennale 2018 affiche un profond désir de libération et de camaraderie. » Cette quatrième édition, dont le budget s’élève à 27 crore (environ 3,4 millions d’euros), réunit près d’une centaine d’artistes venus de trente pays. Les œuvres sont déployées dans dix lieux, dont le principal, Aspinwall House, complexe d’anciens entrepôts métamorphosés en salles d’exposition. Les travaux d’artistes anciens ou disparus, tels Priya Ravish Mehra (1961-2018) ou Sunil Janah (1918-2012), dialoguent avec ceux d’aujourd’hui. Et ce présent flirte allègrement avec les thèmes actuels : sexisme, question du genre, droits de l’homme, sexualité, corruption, racisme, inégalités… Anita Dube n’a évidemment pas laissé filer l’opportunité de mettre l’accent sur les femmes : leur présence dépasse d’ailleurs celle des hommes. Un exploit ! On y retrouve donc quelques figures féministes-phares, telles la Sud-Africaine Marlene Dumas, les Américaines The Guerilla Girls ou l’Autrichienne Valie Export, mais aussi quelques-unes de leurs consœurs indiennes comme la photographe Tejal Shah, laquelle explore l’identité Queer sur fond de paysages fantasmatiques, et Sonia Khurana, performeuse irrévérencieuse qui, dans un film intitulé Bird, use de façon osée de son propre corps dénudé. Dans une installation intitulée One Hundred and Nineteen Deeds of Sale, la Sud-Africaine Sue Williamson ravive, avec l’histoire de la colonisation et de la traite des esclaves, de tragiques similarités entre Kochi et Cape Town. Elle a imprimé sur une centaine de tee-shirts accrochés à des fils, comme du linge banal qui sèche à l’air libre, les noms de personnes déportées, de celui qui les a « vendues », et à quel prix. « J’essaie, à travers mes œuvres, de susciter un dialogue au travers duquel les gens peuvent tourner la page sur leurs blessures infligées il y a longtemps par l’oppression et la violence », affirme-t-elle. Dans son film métaphorique Memorial Project Nha Trang, le Japonais Jun Nguyen-Hatsushiba montre, lui, des laissés-pour-compte du développement économique et social au Viet-Nam : une poignée de conducteurs de cyclo-pousse évoluent difficilement… en apnée au fond de la mer. « Il faut penser à un autre système pour construire l’avenir, estime Anita Dube. Avec des sentiments, on peut réfléchir davantage en profondeur. L’art doit parler à travers le corps. Rêvons à un meilleur futur qui puisse connecter la terre et le ciel. » La précédente Biennale a attiré 600 000 visiteurs.

Le groupe BMW sponsor de la Kochi-Muziris Biennale 2018

La Kochi-Muziris Biennale 2018 a pour sponsor principal le groupe BMW. La firme automobile allemande est partenaire de la manifestation depuis sa première édition, en 2012, à travers sa filiale indienne BMW India. Cette dernière parraine également la India Art Fair, à New Dehli.

« Kochi-Muziris Biennale 2018 »,
Fort Kochi, Mattancherry et Ernakulam (Inde), kochimuzirisbiennale.org

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°720 du 1 février 2019, avec le titre suivant : Le futur selon la Biennale de Cochin

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