New York (États-Unis)

Le faste des princes de Silla

Metropolitan Museum of Art jusqu’au 23 février 2014

Par Bérénice Geoffroy-Schneiter · L'ŒIL

Le 31 janvier 2014 - 329 mots

« Au-delà de la Chine est une terre où l’or abonde et qui est appelée Silla. Les musulmans qui y sont allés ont été charmés par le pays et tendent à s’y installer et à abandonner toute idée de partir », rapportaient, dès le IXe siècle de notre ère, les commerçants arabes égarés en Corée.

Car loin d’être une contrée barbare et isolée, le « Pays du matin calme » était une plaque tournante par laquelle transitaient les produits manufacturés des civilisations méditerranéennes et les richesses scintillantes des peuples nomades des steppes d’Asie centrale. C’est dire la joie des archéologues coréens lorsqu’ils exhumèrent, dès les années 1920, les premières tombes inviolées d’un mystérieux royaume baptisé Silla. Émergeant d’immenses tumuli en terre damée, des pièces d’un luxe inouï (couronnes, boucles d’oreilles, colliers, pendeloques…) allaient ressusciter le faste de cette civilisation hybride et chamarrée qui serait née, selon les annales coréennes, en 57 avant notre ère, dans la région de l’actuelle ville de Kyôngju. Depuis, les découvertes les plus spectaculaires n’ont cessé de se succéder à un rythme effréné, comme ces 136 sépultures mises au jour en 1995-1996 sur le site de Sara-ri, dans le canton de Sô. Quelque 2 000 objets (armures pour les hommes comme pour les chevaux, poteries en forme de canard, haches en fer, miroirs en bronze imitant ceux de la Chine des Han…) reflétaient avec éclat la richesse d’une élite aristocratique et guerrière tout à la fois.
Qui étaient donc ces « princes » suffisamment puissants pour emporter dans leur dernier voyage un bagage funéraire d’un tel faste ? C’est l’une des questions à laquelle tente de répondre la spectaculaire exposition présentée cet hiver à New York, au Metropolitan Museum of Art. Car avant d’embrasser la religion bouddhique en 528, les princes de Silla perpétuèrent l’art chamanique de leurs ancêtres, tout entier résumé dans cette tiare du Ve siècle, dont l’esthétique « nomade » lorgne davantage du côté de la Sibérie que de la mouvance chinoise…

« Silla, Korea’s Golden Kingdom »

Metropolitan Museum of Art, 1000 Fifth Avenue, New York (États-Unis), www.metmuseum.org

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°665 du 1 février 2014, avec le titre suivant : Le faste des princes de Silla

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