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La villa Flora trouve refuge à Paris

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 29 septembre 2015 - 443 mots

Placée sous le signe des couleurs effrontées, la collection Hahnloser dont la pérennité n’est pas assurée, illumine les salles du Musée Marmottan-Monet.

PARIS - C’est à la faveur de la fermeture que l’on espère provisoire de la villa Flora, à Winterthour (canton de Zurich, Suisse), que le public du Musée Marmottan-Monet peut aujourd’hui découvrir une sélection de la célèbre collection d’Hedy Bühler et Arthur Hahnloser. Résidence des époux dès 1898, la villa zurichoise pourrait être une cousine éloignée de l’ancien hôtel particulier de Paul Marmottan : nombreux sont les artistes à avoir trouvé refuge dans cette demeure où l’idée de famille transcendait les liens de sang. À l’aise dans l’écrin parisien aux salles d’expositions temporaires toujours plus élégantes, la quarantaine d’œuvres acquises entre 1906 et 1936 forme le cœur battant de cette « collection de l’amitié », telle que la décrit Angelika Affentranger-Kirchrath, conservatrice de la villa Flora. Des premiers pas vers des artistes suisses au rendez-vous raté avec Matisse, les aventures du couple dans le monde de l’art sont en effet marquées par les liens qu’il entretenait avec Félix Vallotton, Pierre Bonnard, ou encore Édouard Vuillard. S’il fallait trouver un dénominateur commun aux acquisitions du couple, la couleur, franche et vive, s’impose. Marianne Mathieu, chargée des collections au Musée Marmottan-Monet, souligne qu’en trente ans Hedy et Arthur n’ont jamais dévié de l’axe qu’ils s’étaient donnés dès le départ : une peinture figurative, éclatante et audacieuse. En témoignent la Baigneuse de face (1907), premier achat effectué auprès de Vallotton qui n’a pas été du goût de beaucoup de visiteurs à la villa Flora, bientôt suivi du sulfureux chef-d’œuvre La blanche et la noire (1913).

Si la première section est dédiée aux peintres suisses qui inspirèrent le début de leur collection (Giacomo Giacometti et Ferdinand Hodler), les Hahnloser étaient surtout connus pour défendre la peinture française en Suisse – organisant expositions et publiant ouvrages de référence sur le sujet. Pierre Bonnard se taille ici la part du lion – aucune toile n’a été prêtée pour la rétrospective du Musée d’Orsay pour ménager quelques surprises – avec notamment l’évanescent portrait de la famille Hahnloser sur un voilier. Les œuvres helvètes restaient abordables pour le budget limité des Hahnloser, mais il n’en était pas de même pour Vuillard, dont ils ont commencé par acquérir des gravures, ou Matisse, qu’ils ont tardé à collectionner. Aussi la sélection reflète-t-elle des choix réfléchis et ciblés. À l’image de cette sublime Amazone d’Édouard Manet, qui pourrait être la dernière œuvre du peintre…

Villa Flora

Commissaires : Angelika Affentranger-Kirchrath, conservatrice de la villa Flora, Winterthur ; Marianne Mathieu, adjointe au directeur, chargée des collections du Musée Marmottan Monet
Scénographie : Anne Gratadour

Villa Flora. Les temps enchantés. La collection particulière Arthur et Hedy Hahnloser-Bühler

Jusqu’au 7 février 2016, Musée Marmottan-Monet, 2 rue Louis Boilly 75016 Paris, www.marmottan.fr, tlj sauf lundi 10h-18h, le jeudi 10h-21h, entrée : 11 €. Catalogue bilingue français-anglais, coéd. Musée Marmottan-Monet/Hazan, 176 p., 29 €

Légende photo
Félix Vallotton, La Blanche et la Noire, 1913, huile sur toile, 114 x 147 cm, collection Hahnloser/Jaeggli, Winterthur. © Hahnloser/Jaeggli Stiftung, Winterthur. Photo : Reto Pedrini.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°442 du 2 octobre 2015, avec le titre suivant : La villa Flora trouve refuge à Paris

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