Art Contemporain - Ulysse et Calypso, un très beau tableau de 1983 d’Hélène Delprat, est présenté à l’entrée de la Fondation Maeght.
Il voisine avec une vidéo Umburri (Umburri), de 2025, dans laquelle l’artiste (née en 1957) se met en scène dans le rôle d’un chef d’orchestre qui a la berlue. La première salle s’ouvre avec une toile de 2024 sur laquelle est écrit en grand « Écoutez ! C’est l’éclipse », qui donne son titre, emprunté à Alfred Jarry, à l’exposition sous le commissariat de Laurence Bertrand Dorléac. Elle est accrochée à côté d’une autre toile, immense, de 9,5 mètres de long sur 2,45 de haut, La Bataille de San Romano camouflée (2018) et d’un ensemble de vingt gouaches sur papier marouflées sur bois. Le ton est donné qui d’emblée rappelle que l’éclipse, c’est le temps – vingt ans (de 1992 à 2012) – pendant lequel Hélène Delprat s’est absentée du monde de l’art contemporain pour se diriger vers le théâtre, l’écriture, la vidéo, sans pour autant abandonner totalement la peinture. Le parcours, composé d’une centaine d’œuvres, va volontairement mêler les dates, les formats, les matériaux, les disciplines (peintures, dessins, films, sculptures, photos, céramiques), et qu’il n’aura rien d’une rétrospective. Il relève plutôt d’une certaine logique puisque c’est à la Galerie Maeght, rue du Bac à Paris qu’Hélène Delprat fit sa première exposition, en 1985 (elle est aujourd’hui chez Christophe Gaillard et Hauser & Wirth). D’œuvre en œuvre, mais surtout dans les toiles, on retrouve la fulgurance et l’aisance avec lesquelles l’artiste fait se juxtaposer, superposer, télescoper des éléments figuratifs et des séquences abstraites (motifs, trames, grilles) pour conjuguer l’histoire de l’art, l’Histoire (les guerres) et sa propre histoire, tout en s’amusant avec la peinture, en y réfléchissant, en se jouant d’elle ou en s’y plongeant. Telle une acrobate, Hélène Delprat multiplie les pirouettes, les galipettes, les pieds de nez, les coqs à l’âne, les facéties sérieuses. L’artiste peint de façon buissonnière le monde, mais aussi son monde, avec ironie, dérision, distance. Elle donne un splendide coup de peinture sur la tête.
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La peinture buissonnière d’Hélène Delprat
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°785 du 1 mai 2025, avec le titre suivant : La peinture buissonnière d’Hélène Delprat