XIXe-XXe siècles - L’Italien Medardo Rosso (1858-1928) fut l’ami de Rodin. Quand ils découvrirent le Balzac de ce dernier, certains critiques s’étonnèrent que la sculpture soit « rossoesque ».
Pourtant le nom de ce sculpteur qui a ouvert une voie à la modernité a glissé dans l’oubli, hormis chez les artistes. À Bâle, le Kunstmuseum met en lumière ce contemporain des impressionnistes, qui ne voulait pas se contenter de capter l’éphémère, mais rendre la sculpture à l’image de la lumière, ou d’une respiration, comme à peine apparue et déjà effacée. Rosso ne représente que des inconnus, réalise des petits formats en plâtre ou en cire – un matériau qu’il apprécie pour sa capacité à refléter la lumière et sa ressemblance avec la chair –, et fond lui-même ses bronzes, qu’il photographie. Bien qu’achevées, ses sculptures captant un éclat de rire, l’inclinaison d’une tête, semblent des études, à peine esquissées. L’exposition du Kuntsmuseum les fait dialoguer avec celles d’autres artistes, jusqu’à nos jours, d’Edgar Degas à Marisa Merz, en passant par Marcel Duchamp, dont la présence et l’écoute semblent ici assez délicates pour se mettre au service de l’œuvre de ce sculpteur radical et expérimental. Ce parcours vibrant s’achève avec le bronze d’une mère allaitant son enfant. La tête de la mère a disparu. À première vue, on se croit face à un tas de boue, ou une explosion volcanique. Peu à peu, comme le regard s’accommode à la pénombre, se détache la forme du visage d’un enfant sur le sein de sa mère, et la main tendre et délicate de cette dernière, qui dit l’amour infini. Un chef-d’œuvre.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
La modernité de Rosso
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°785 du 1 mai 2025, avec le titre suivant : La modernité de Rosso