La méthode Détroit à Saint-Étienne

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 29 mars 2017 - 485 mots

L’ancienne capitale américaine de l’automobile, invitée d’honneur de la Biennale 2017, s’est réinventée autour de l’économie créative.

SAINT-ETIENNE - Membre du réseau des villes créatives de l’Unesco depuis décembre 2015 – Saint-Étienne l’est depuis 2010 – et unique représentante états-unienne, Détroit est l’invitée d’honneur de la Biennale 2017. La métropole américaine, victime de la crise économique en 2008, tente depuis de relever la tête, industries créatives à l’appui. En témoigne ce dernier rapport intitulé « Creative State 2016 », édité par Creative Many, un organisme de l’État du Michigan (États-Unis) qui s’occupe du développement de l’économie créative. « En 2014, 2,8 milliards de dollars sur les 4,9 de l’ensemble de l’État du Michigan étaient produits par l’économie créative de Détroit, autrement dit par ses architectes, ses designers, ses artistes, ses stylistes, ses cinéastes, etc., détaille Cézanne Charles, directrice des industries créatives chez Creative Many. Nous donnons la possibilité à des petites structures de travailler avec des pouvoirs publics et offrons des moyens à tous les créateurs de collaborer afin d’imaginer le futur de Détroit. » Olivier Peyricot, commissaire général de la Biennale 2017, a, lui, trouvé captivant son séjour dans la métropole américaine : « À Détroit, nous avons été fascinés par la manière dont les gens pouvaient reprendre en main la ville. Contrairement à ce qui se fît jadis à Bilbao [Espagne] pour faire revivre la ville, il n’y a pas, ici, de stratégie de construire un bâtiment grandiose et emblématique [tel le Guggenheim Museum, NDLR]. La renaissance, à Détroit, s’opère par le vivant. Il y a une stratégie du collectif, des multiples structures sociales qui s’imposent et interagissent et les designers en sont parties prenantes. »

Déployée à la Cité du design, l’exposition « Footwork », cornaquée par huit femmes (architecte, écrivain, designer…) réunies sous le label « Public Design Trust », évoque « le rôle central qu’occupent le design et le Design Thinking [« la pensée du design »] dans l’évolution d’une ville », explique Nina Bianchi, designer et co-commissaire de l’exposition. À Détroit, on peut encore trouver plus de 70 000 bâtiments ou habitats résidentiels désaffectés. La firme Homes Eyewear produit depuis 2012 des lunettes de soleil fabriquées à partir de matériaux récupérés dans des habitations en démolition, notamment du chêne datant de la fin du XIXe siècle. De son côté, le collectif Thing Thing a œuvré avec l’équipementier automobile Lear pour réaliser l’ensemble « Future Foam », soit des pièces d’ameublement faites de matières résiduelles issues de l’unité de production des mousses. Objectif : expérimenter les possibilités en matière de recyclage des déchets post-consommation à l’aide de machines industrielles repensées. « Détroit est un symbole de l’échec industriel, résume Nina Bianchi. Avec le design comme vecteur, nous pouvons expérimenter et recréer des connexions entre des petites structures créatives et des industries généralement séparées l’une de l’autre. » De ces nouveaux modèles de travail en réseau dépendra l’avenir d’une société postindustrielle.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°476 du 31 mars 2017, avec le titre suivant : La méthode Détroit à Saint-Étienne

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