L’exposition met en lumière les œuvres de Julie Manet et de ses cousines, et les liens artistiques qu’entretenait la famille.

Deauville. L’historienne de l’art Dominique d’Arnoult livre un travail important sur les cinq années pendant lesquelles Julie Manet (1878-1966), fille de Berthe Morisot et nièce d’Édouard Manet, a vécu avec ses deux cousines, orphelines comme elle, sous le regard bienveillant de Stéphane Mallarmé et Auguste Renoir. La commissaire s’est fondée, pour son exposition et le catalogue qui l’accompagne, sur le journal de la jeune fille à partir de son emménagement avec Jeannie et Paule Gobillard après la mort de Berthe Morisot en mars 1895. Le rapprochement avec ce journal des plus de 90 œuvres et documents qu’elle expose, souvent provenant de collections particulières, lui a permis d’apporter de nouvelles informations sur plusieurs peintures de Julie et Renoir.
Le parcours suit d’abord le trio dans ses voyages auprès des Renoir, chez les cousins des Manet ou en Normandie. En 1898, Julie peint Pont dans un paysage en compagnie de Renoir, à Essoyes. Grâce à cette aquarelle, Dominique d’Arnoult a pu découvrir le lieu représenté par le maître impressionniste dans la toile du Musée d’Orsay, Pont sur une rivière. Dans la toile de Julie, Femme lisant à la fenêtre (vers 1896) réalisée à Valvins, villégiature des Mallarmé, l’historienne a reconnu une amie de la famille, Marguerite Normant.

Renoir fait le portrait, sans doute en juillet ou en août 1899, d’une jeune femme jusqu’ici inconnue que Dominique d’Arnoult identifie comme Julie (voir ill.). Cet été-là, Paule et Julie croquent l’épouse et la fille de Stéphane Mallarmé en deuil : le « prince des poètes » est mort en septembre 1898. Le journal de Julie se termine à la fin décembre 1899, puis elle et Jeannie se marient le même jour, le 31 mai 1900, aux hommes que Mallarmé avait choisis pour elles.
La suite de l’exposition évoque les trois femmes après leur vie commune. Jeannie la musicienne douée est maintenant Madame Paul Valéry, et Paule, restée célibataire, mène une carrière de peintre. Julie se montre grave sous le pinceau de son mari, Ernest Rouart, et de Paule. Elle se consacre désormais à entretenir la mémoire de sa mère et de son oncle.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°650 du 28 février 2025, avec le titre suivant : Julie Manet, Renoir et les autres