Art contemporain

God save Gilbert & George

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 2 août 2007 - 404 mots

Cravatés, droits dans leurs costumes, Gilbert & George sont devenus deux icônes chics (et chocs) de la scène britannique. Ils fêtent à Londres près de quarante ans de création. Monumental !

Depuis la fin des années 1960, ils promènent leur silhouette stoïque à la limite d’une raideur un peu compassée « so british » dans les galeries et les musées, incarnant pleinement leur art démocratique. Pour le 40e anniversaire de leur rencontre à la Saint-Martin’s school de Londres et du véritable coup de foudre qui en suivit, les fameux Gilbert & George se voient consacrer intégralement le quatrième étage de la Tate Modern de Londres. Rien de moins que toutes les salles du musée et les galeries temporaires entièrement envahies par les polyptyques photographiques explosifs de ce duo britannique irrévérencieux.
Il s’agit de la plus grosse exposition jamais réunie. Elle voyagera d’ailleurs de la Haus der Kunst de Munich au Castello di Rivoli de Turin avant de traverser l’Atlantique et d’aller de San-Francisco à Milwaukee, avant d’aboutir au Brooklyn Museum of Art de New York, fin 2008.

Terrorisme, discrimination, sexe… Rien que du quotidien !
Une épopée à la mesure de ces trente-cinq années de fusion productive, soit près de deux cents œuvres depuis The nature of looking de 1970 jusqu’à la toute dernière série, Bomb, exposée cet hiver à Londres. Largement influencées par les attentats de Londres en 2005, Bomb, Bombs, Bomber, Bombers, Bombing et Terror pointent moins l’extrémisme religieux que la vie à Londres aujourd’hui. Ils expliquent simplement que cela fait partie du quotidien, comme les attentats dans les transports en commun.
Il en est ainsi depuis les années 1970 avec le sexe, la religion, les questions de l’identité, des races, des traditions et des valeurs culturelles, la scatologie… Gilbert & George ont créé ensemble une œuvre atemporelle et concrète, résolument provocatrice. Et si leur dernière participation à la 51e Biennale de Venise en 2005, où ils représentaient pour la première fois la Grande-Bretagne avec les Gingko pictures, avait été un peu trop décorative et numérique, ils démontrent, avec ce gigantesque panorama rétrospectif, la longévité de leur art et sa pertinence.
De sculptures vivantes, ils sont devenus des monuments toujours ardents de l’art contemporain. Cette muséification avancée et soulignée par l’édition anglaise et française de leurs œuvres complètes, en deux tomes et 1 479 illustrations, ne devrait pas enterrer pour autant les deux compères. Une œuvre qui dépasse désormais leur propre existence.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°589 du 1 mars 2007, avec le titre suivant : God save Gilbert & George

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