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JAPON / EXPOLOGIE

D’Hokusai à Toriyama, le Japon pour les néophytes

Par Élisabeth Santacreu · Le Journal des Arts

Le 25 juin 2025 - 496 mots

Destinée au grand public, l’exposition est une bonne initiation à l’esthétique et à la civilisation japonaises, mêlant objets et œuvres sur papier dont certaines sont rarissimes.

Rueil-Malmaison (92). L’historien de l’art belge Jean-Christophe Hubert avance que son exposition à destination du grand public réunit pour la première fois « le japonisme, l’impressionnisme et l’univers du manga ». Le sujet a pourtant été magistralement abordé avec « Des samouraïs au kawaii », en 2018-2019 au Musée dauphinois à Grenoble (Isère) puis à l’abbaye de Daoulas (Finistère), en 2024. L’exposition réunissait 300 objets, des armures à la pop culture avec ses jeux d’arcade, films d’animation et mangas, en passant par une présentation pertinente du japonisme. Reconnaissons pourtant que Jean-Christophe Hubert et Bryan Lecomte (producteur et scénographe) offrent une bonne vulgarisation de l’art japonais du XIXe siècle à nos jours.

Construit autour d’environ 200 œuvres et objets, exclusivement en collections privées, le parcours permet d’abord une approche de la vie quotidienne des classes sociales aisées du Japon aux époques Edo (1603–1868) et Meiji (1868–1912). On y voit de la porcelaine, des armures, une cagoule de samouraï pompier, des pipes à tabac, une rare encyclopédie illustrée, des objets de toilette, etc. Une belle place est donnée aux estampes ukiyo-e : la totalité des Trente-six Vues du mont Fuji d’Hokusai (46 estampes en réalité), une sélection des Cinquante-trois Stations du Tokaïdo d’Hiroshige et de ses Vues d’Edo, des figures féminines d’Utamaro, des portraits d’acteurs de Toshusai Sharaku sont exposés. Ces estampes ne sont pas des tirages originaux, mais on peut admirer des pièces plus précieuses : Personnage au poisson (vers 1795), un dessin original d’Hokusai, des premiers tirages en noir de ses Cent Vues du mont Fuji (1834-1840) ou encore une scène du Dit du Genji (vers 1895), aquarelle et encre sur papier de la moins célèbre Shoen Uemura. Le clou de la partie Edo-Meiji est une rarissime suite de 28 peintures sur papier washi réalisées en 1836 par un élève d’Hokusai, Yashima Gakutei, pour illustrer des écrits et poèmes d’Hishiya Kozaburo.

Enfin, les amateurs de mangas et d’animés apprécieront les dessins originaux d’Akira Toriyama pour Dragon Ball (1986-1989) ou d’Eiichiro Oda pour One Piece (1997), ou les doga (dessins intermédiaires) d’Astro Boy, le petit robot (1986) d’Osuma Tezuka. Des créations d’Ads Libitum qui mêlent ukiyo-e et mangas et un ensemble de figurines et statues de héros de mangas complètent le parcours.

En revanche, ceux qui attendaient beaucoup de la partie montrant « comment l’estampe japonaise a révolutionné le regard occidental » seront déçus. Quatre lithographies de Toulouse-Lautrec, deux monotypes de Degas et un pastel de Monet, Étretat – la Manneporte au coucher du soleil (vers 1885), illustrent presque à eux seuls le propos. Et rien n’est montré du japonisme dans les arts décoratifs que le grand public, à l’époque, connaissait beaucoup mieux que celui des peintres : a minima, des éléments du Service Rousseau en faïence présentés à l’Exposition universelle de 1867 et décorés par Félix Bracquemond, qui s’était inspiré des estampes japonaises, auraient eu leur place ici.

Rêves de Japon. De l’estampe au manga,
jusqu’au 6 juillet, Atelier Grognard, 6, avenue du Château de Malmaison, 92500 Rueil-Malmaison.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°658 du 20 juin 2025, avec le titre suivant : D’Hokusai à Toriyama, le Japon pour les néophytes

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