Dessiner pour mieux voir le monde

Plasticienne aguerrie, Françoise Pétrovitch connaît parfaitement les techniques de la gravure, allant de la taille-douce à la lithographie, en passant par la gravure sur bois, qu’elle enseigne depuis trente ans à l’École Estienne (Paris). En partenariat avec le Fonds Hélène &Édouard Leclerc, qui promeut l’estampe contemporaine et qui avait consacré l’hiver dernier une remarquable rétrospective à l’artiste, nous sont donnés à voir ici, depuis ses premières gravures de la fin des années 1980 jusqu’aux productions récentes, une quinzaine de céramiques et de grands dessins fluides au lavis d’encre dialoguant, entre humour et gravité, tendresse et cruauté, avec une centaine de pièces emblématiques (croquis, estampes, livres d’artistes) de son univers tout en dualité, peuplé de figures humaines et animales multipliant transparences, changements d’échelle et excroissances étranges. Divisée en trois chapitres (« Derrière les paupières », « Tout s’y passe à l’envers », « Entendre les bruits du monde ») qui sont comme autant d’atmosphères pour évoquer notre rapport au monde, cette exposition charmante célèbre l’entre-deux virtuose de Françoise Pétrovitch, alternant avec magie eaux diffuses de l’encre et extrême précision du trait gravé, tout en ne manquant pas, dans une ultime salle, de dévoiler, via une série de vidéos réalisées entre 2017 et 2022, sa façon de procéder techniquement pour créer son imagerie onirique des plus troublantes.