Des œufs, oui, mais des Fabergé !

C’est ainsi que le joaillier russe Karl Fabergé a établi sa notoriété auprès des cours d’Alexandre III et de Nicolas II en réalisant de précieux œufs, mais aussi de l’argenterie, des objets décoratifs, des bijoux, des vases, des icônes. La plus grande collection en dehors de la Russie se trouve à Richmond, au Musée des beaux-arts de Virginie. Il a prêté exceptionnellement au Musée des beaux-arts de Montréal quatre de ses œufs, dont un, étonnamment sobre, à croix rouge sur fond blanc de 1915. Autour de ces joyaux, ce sont en tout deux cent quarante objets qui font le déplacement. Comme le public n’est pas forcément familier de la saga Fabergé ainsi que des us et coutumes du tsarisme, l’exposition accompagne ces pièces d’un appareillage documentaire important, informant tant sur les rites et traditions que sur les techniques ou les contrefaçons. Mais ce sont les œufs qui rythment le parcours, dont l’Impérial dit Pierre le Grand, réalisé en 1903. L’objet, richement orné, haut de douze centimètres, renferme une surprise sculptée de bronze et de saphir. Rien n’était trop beau, trop luxueux à la cour de Russie. L’exposition propose heureusement, avec une mise en contexte poussée, bien plus qu’une visite « bonbonnière » de ce clinquant d’une autre époque, l’exploration d’une certaine idée du raffinement qui s’effondrera avec la révolution bolchevique en 1917. Fabergé, dit-on, en serait mort de chagrin.