Des animaux, figures métaphoriques du monde

Depuis la fin des années 1980, ses photographies évoquent l’humanité à travers l’animal, figure métaphorique récurrente de la photographe américaine. Châteaux, palais et musées offrent le cadre de fables et de fictions contemporaines réflexives de l’ordre social. Dans leurs luxueux décors, supports de l’histoire qu’elle raconte, Karen Knorr intègre des animaux vivants ou empaillés, incarnations dans leur mise en scène de tel ou tel rapport social et aspect de l’humain. Les images sélectionnées pour les espaces du château du centre d’art contemporain de la Matmut sont puisées dans différentes séries réalisées au château de Chambord, au Musée Condé à Chantilly, dans des palais en Inde ou en Italie, des temples au Japon, dans un grand hôtel et musée londonien ou à Pompéi. Différents sites donc qui composent un récit visuel où le regard d’une girafe se penche vers celui d’une mésange, un couple de flamants roses picorent dans des salons dorés et un paon se tient devant un tigre. Héron à tête rouge, lion, cerf, zèbre, singe, loup sont d’autres acteurs d’existences parodiques qui révèlent l’esprit du lieu. Le merveilleux se fait ainsi l’écho d’un monde, voire du monde, à l’instar de la délicate cage vide en verre exposée avec, en arrière-fond, le refrain d’une chanson de Pete Seeger contre la guerre du Vietnam, « When you will ever learn » [Quand comprendrez-vous]. À chacun toutefois de se faire sa propre histoire. Pour ce faire, Karen Knorr n’a souhaité aucun cartel. Juste quelques extraits sur les murs des histoires qu’elle raconte dans le catalogue, Fables et autres contes (Filigrane, 2025).