De la scène au musée

Étoffes précieuses et bariolées, dentelles, broderies, mais aussi compositions improbables, fripes… On en a plein les yeux. Figures grotesques et sublimes se côtoient dans un foisonnement (140 costumes de 2007 à 2024) qui traduit bien l’univers baroque de l’un des plus grands créateurs actuels. Avec Delphine Pinasa, Christian Lacroix fait défiler les siècles et évoque ses influences, ainsi que ses goûts hétéroclites. Du croquis au costume, on perçoit d’abord le geste créatif. Le soin accordé aux détails promet un voyage riche en sensations, à ceci près que les salles se succèdent avec des mannequins serrés dans des vitrines à l’éclairage sommaire, pourtant conçues comme des scènes de théâtre. Une présentation justifiée par l’absence de gardiens et la fragilité de chaque pièce. Malgré tout, on admire les finitions, d’une exécution raffinée. Les luxuriants portraits florentins jouxtent les silhouettes austères de Diego Velázquez. Les costumes d’apparat du XVIIIe siècle tranchent avec la fin décadente du XIXe. Le parcours chronologique, sans contextualisation est heureusement complété par les salles thématiques (« Santons », « Hyménées », « Fin de siècle », « Mythologie »…). Bien des œuvres de l’Arlésien convient aussi vers l’ailleurs. Le contraste saisissant entre un somptueux patchwork d’imprimés ethniques et une brochette de mariées sinistres introduit la salle « Anges et démons », un final aux allures de « jugement dernier ». Enfin un peu de merveilleux et surtout de vie !