Collectionneurs

Rodez (12)

Daniel Cordier, l’œil sûr du collectionneur

Jusqu’au 24 janvier 2016 Musée Denys-Puech

Par Lina Mistretta · L'ŒIL

Le 22 octobre 2015 - 288 mots

Secrétaire de Jean Moulin durant la guerre, Daniel Cordier se rêvait artiste peintre, mais, conscient de ses limites, il se tourna très vite vers une activité de marchand puis de collectionneur.

Il ouvre plusieurs galeries, défend de nombreux  artistes renommés et inconnus et, au gré de ses coups de cœur, réunit durant plus de quarante ans les objets les plus hétéroclites, en véritable collectionneur amateur. Dans les vastes salles du majestueux Musée Puech, du sous-sol au premier étage, l’exposition qui lui est consacrée reflète bien cette singulière diversité : on y voit d’immenses totems africains entourés d’une Peinture n° 1 de Jean Dewasne d’une sombre clarté, une sculpture naturaliste de Bernard Rechiquot et Les Yeux de Georgik qui louchent sur deux Poupées de Bellmer surréalistes à souhait. Dans les vitrines, de nombreux objets d’art premier, dont un puissant bouclier éthiopien en cuir de rhinocéros côtoyant le fameux sein Prière de toucher (1947) de Duchamp, toujours intouchable. De part et d’autre d’une arcade, sont plantés deux espiègles Personnages aux cheveux verts, roses et blancs de Gaston Chaissac, non loin d’une immense Gelée blanche de Rauschenberg donnant la réplique à un interminable tissu de cérémonie du Congo. Dans la salle suivante, on découvre des Michaux vraiment beaux, un Dubuffet drolatique au titre énigmatique et une Toile brûlée de Viallat d’une belle sensualité. Tout cela constitue un cabinet de curiosités d’un éclectisme étonnamment cohérent, où les techniques et les cultures cohabitent joyeusement, composant un résumé plutôt jubilatoire du chaos du monde. « Il n’y a rien à comprendre, il y a tout à voir », disait Daniel Cordier à propos de sa collection. Ici, on aime ce qui est donné à voir, mais pour aimer, n’a-t-on pas besoin de comprendre ?

« Daniel Cordier, l’œil du collectionneur »

Musée Denys-Puech, place Clemenceau, Rodez (12), tél. 05 65 77 89 60.

Légende photo
Georgik, Les Yeux, 1984, aquarelle sur papier. © Photo : Sylvie Leonard.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°684 du 1 novembre 2015, avec le titre suivant : Daniel Cordier, l’œil sûr du collectionneur

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