Art contemporain

Bruxelles (Belgique)

Claude Rutault métaphysique

La Fondation CAB - Jusqu’au 14 décembre 2019

Par Pauline Vidal · L'ŒIL

Le 26 septembre 2019 - 326 mots

On connaît le Rutault formaliste, inventeur des « dé-finitions/méthodes », qui pratique l’extension de la peinture au-delà de tout cadre.

On connaît moins le versant plus existentialiste de ce dernier. Et c’est bien là tout l’intérêt de son exposition au CAB, à savoir mettre en lumière des obsessions de l’artiste moins connues. Pour la première fois, la marelle, qui a donné son nom au titre de l’exposition, est le centre d’une exposition. Ce thème n’est pourtant pas nouveau. Rutault s’y intéressa avant même l’invention de ses « dé-finitions/méthodes » en 1973. Écho évident aux règles et protocoles qui structurent toute son œuvre, ce jeu convoque aussi, avec légèreté, nos angoisses métaphysiques. « La marelle est un motif très ancien et a pris différentes formes au fil du temps », confie l’artiste, « on en trouve sur les tombeaux égyptiens, en Chine… Elle a une dimension mystique, religieuse. Elle évoque le parcours de la vie. Sur les trottoirs, elle est vouée à disparaître, effacée par les pas, la pluie… C’est un jeu avec le temps. » Ici, les toiles elles-mêmes de Rutault se prennent au jeu. L’œuvre centrale de l’exposition combine en effet deux pièces, à savoir le dessin d’une marelle à l’aide d’adhésif et deux lots de toiles noires et de toiles brutes tour à tour dispersées sur la grille de la marelle, empilées, posées contre le mur… De formats plus modestes, des marelles s’exposent aussi sur les murs : un tirage argentique, une peinture-collage, une série de marelles repeintes en jaune. La suite de l’exposition présente certaines des œuvres les plus radicales de l’artiste, comme ses peintures-suicides, ainsi qu’une simple feuille de calque ou encore une peinture dépeinte. « J’essaie d’épuiser toutes les possibilités de la peinture », insiste l’artiste. Mais c’est sans compter sur les marionnettes qui convoquent encore une fois la question du jeu. Un jeu à la fois vain et un peu morbide… Plus que jamais, nous apparaît la dimension métaphysique qui sous-tend, en filigrane, l’œuvre de cet artiste français bientôt octogénaire.

« Claude Rutault. Monochrome 5 sur une grille de marelle », Fondation CAB, 32-34, rue Borrens, Bruxelles (Belgique), fondationcab.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°727 du 1 octobre 2019, avec le titre suivant : Claude Rutault métaphysique

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