Belgique - Art contemporain

ART CONTEMPORAIN / VISITE GUIDÉE

Ce qui se fait aujourd’hui en peinture en Belgique

GAND / BELGIQUE

Dans une copieuse exposition, le SMAK à Gand montre la vitalité de la peinture contemporaine de Butgenbach à Ostende.

Painting after SMAK [EXPO]
Vue de l'exposition « Painting after Painting » au SMAK de Gand.
© We Document Art
© Adagp Paris 2025

Gand. On ne trouvera pas d’autre point commun aux 150 œuvres présentées dans l’exposition « Painting After Painting » que d’avoir été peintes en Belgique, pour la plupart d’entre elles au cours de ces trois dernières années, par 74 artistes d’origines diverses nés dans les années 1980 et 1990. Il n’y a pas ici de style ou d’école belge. La diversité est assumée. Le choix a été fait par un quatuor de curateurs qui ont, pour chacune et chacun d’entre eux, amené leurs propositions.

« C’est la première fois depuis vingt-cinq ans qu’une exposition d’une telle ampleur sur la peinture contemporaine est montrée en Belgique, précise Philippe Van Cauteren, directeur artistique du SMAK (Stedelijk Museum voor Actuele Kunst) et l’un des quatre commissaires. Ce n’est pas pour autant un portrait définitif. C’est plutôt un échantillon de ce qui se crée dans les ateliers en Belgique en ce moment. Il y a certainement des dizaines d’autres artistes qui auraient mérité d’être montrés. »

Le choix a été fait de présenter les œuvres sans fil rouge, si ce n’est l’existence de discrètes affinités. « Mais une peinture accrochée dans une salle aurait pu l’être dans une autre. » Très peu de textes aussi, en dehors d’un cartel discret et d’une courte biographie pour certains des artistes.

Vue de l'exposition « Painting after Painting » au SMAK de Gand. © We Document Art © Adagp Paris 2025
Vue de l'exposition « Painting after Painting » au SMAK de Gand.
© We Document Art
© Adagp Paris 2025

On remarquera qu’une large majorité de ces peintures sont figuratives et que la plupart d’entre elles sont peintes sur des toiles tendues sur châssis sans remise en question du médium. C’est peut-être là une des explications au titre choisi. Après la mise en retrait de la peinture, sa mort annoncée, la peinture revient en force, mais elle est différente. L’innovation puise dans le monde intérieur de l’artiste, plus que dans la forme ou le support, ce qui n’empêche pas Victoria Palacios, par exemple, de peindre sur un toast, ou William Ludwig Lutgens de combiner peinture et vidéo dans une grinçante comédie costumée. Dans un monde saturé d’images photographiques, la peinture offre à l’imaginaire un ailleurs que chaque artiste peut modeler à sa guise, travaillant tantôt sur le pouvoir d’évocation de l’image et tantôt sur la peinture en tant que langage, voire sur les deux. Sarah Smolders, elle, s’affranchit de l’image en proposant une installation à voir comme une quête minimaliste de l’espace.

S’inscrire dans le flux continu de l’histoire de l’art

Dans une terre de peintres comme la Belgique, les artistes qui pratiquent la peinture aujourd’hui assument s’inscrire en toute liberté dans l’histoire de l’art comme dans un flux continu. On relève çà et là des influences, des citations, faites avec plus ou moins de recul, aux maîtres du passé. On peut ainsi voir chez Jannis Marwitz les fantômes de Brueghel et de ses paysages dans ses énigmatiques compositions [voir ill.] ou la grammaire de Magritte chez Charline Tyberghein, tandis que Mae Dessauvage passe l’iconographie médiévale au filtre de l’esthétique manga. Le spectateur peut avoir l’impression, ici, que le monde extérieur, ses violences ou ses événements politiques, sont tenus à l’extérieur de l’atelier. Quand ils sont évoqués, c’est par leur intrusion dans la sphère intime, comme dans l’installation in situ de Luís Lázaro Matos qui s’inspire de la double vie d’un député européen du parti d’extrême droite hongrois Fidez à l’époque de la pandémie de Covid. Ou quand la Coréenne Che Go Eun fait allusion à la marchandisation du corps des femmes asiatiques sur Internet.

La vitalité de la peinture en Belgique n’était plus à prouver, ni à justifier, mais avait besoin de cette confrontation de regards entre contemporains.

Vue de l'exposition « Painting after Painting » au SMAK de Gand. © We Document Art © Adagp Paris 2025
Vue de l'exposition « Painting after Painting » au SMAK de Gand.
© We Document Art
© Adagp Paris 2025
Painting After Painting. La peinture contemporaine en Belgique,
jusqu’au 2 novembre, SMAK, Jan Hoetplein 1, Gand, Belgique.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°655 du 9 mai 2025, avec le titre suivant : Ce qui se fait aujourd’hui en peinture en Belgique

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