Art contemporain

Baya, l’enfant peintre

Par Nathalie Le Foll · L'ŒIL

Le 1 juin 2003 - 408 mots

Fatma Haddad, alias Baya Mahieddine, naît en 1931 sur la côte est d’Alger. 

Orpheline dès l’âge de cinq ans, elle est élevée par sa grand-mère. Petite fille, elle dessine des motifs sur la terre et réalise des modelages. Encouragée à continuer, elle commence à peindre à la gouache en 1945. En 1947, alors qu’elle n’a que seize ans, Aimé Maeght, séduit par ses peintures qu’il découvre lors d’un voyage à Alger, décide de lui consacrer une exposition dans sa galerie parisienne. André Breton en préfacera le catalogue. L’année d’après, en février, elle fait la couverture de Vogue. Quelques mois plus tard, elle rencontre Picasso à Vallauris. Malgré son jeune âge, Baya fait preuve d’une créativité intuitive et spontanée.

Dans un langage simple et authentique, elle dépeint un univers féerique peuplé d’oiseaux, de fleurs, et de femmes aux robes de princesse. Autant d’éléments, d’aplats de couleurs saturées et criardes qui s’enchevêtrent et se mêlent dans l’espace pictural. Ainsi son œuvre, aussi étonnamment précoce soit-elle, rencontre tout de suite intérêt et notoriété. Emblématique de l’art naïf africain, l’œuvre de Baya est aujourd’hui présente dans des collections publiques prestigieuses telles celles du Musée national des beaux-arts d’Alger, du musée des Arts décoratifs, de l’Institut du monde arabe, du musée de l’Art brut de Lausanne ou encore du FNAC (Fonds national d’art contemporain).

Dans le cadre de « Djazaïr, une année de l’Algérie en France », le musée Réattu lui consacre une rétrospective de plus de soixante-dix œuvres. L’exposition s’ouvre sur les débuts de l’artiste, s’attarde sur la fameuse année 1947, et présente une pièce exceptionnelle par ses dimensions (quatre mètres de haut), une gouache de 1949 peu connue du public puisqu’elle n’a été exposée qu’une fois. S’écoule une période de dix ans entre les deux parties de l’exposition. En effet, à la suite de son mariage avec le musicien Hadj Mahfoud Mahieddine en 1953, elle arrête de peindre pour se consacrer à sa vie de famille.

Ce n’est qu’en 1963, alors que ses premiers travaux sont montrés au Musée national des beaux-arts d’Alger, qu’elle décide de se remettre à travailler. Son univers est resté le même, oiseaux de paradis, femmes fleurs et instruments de musique sont encore réunis dans un même foisonnement, dans une même féerie haute en couleur, dans la même quête d’harmonie.

« Baya (1931-1998) ou la fable du monde », ARLES (13), musée Réattu, 10 rue du Grand Prieuré, tél. 04 90 49 37 58, 5 avril-22 juin.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°548 du 1 juin 2003, avec le titre suivant : Baya, l’enfant peintre

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