Paris 16e

Bas les masques au Musée Dapper

Jusqu’au 15 juillet 2012

Par Laure Meyer · L'ŒIL

Le 20 décembre 2011 - 379 mots

Existe-t-il des liens entre les innombrables masques d’Afrique et les carnavals des Caraïbes ? C’est la question que pose aujourd’hui l’exposition du Musée Dapper.

En effet, les Caraïbes ont vu arriver entre le XVe et le XIXe siècle les esclaves africains capturés dans le Bénin et le Nigeria actuels. Cette traite ne devait être abolie qu’au XIXe siècle en France grâce à l’action de Victor Schœlcher. Ces esclaves qui arrivaient dans les plantations, parlant des langues différentes, ne pouvaient guère se comprendre. Mais ils pouvaient avoir de lointains souvenirs de l’Afrique.

Au Musée Dapper, la première salle passe en revue ces mystérieux visages de bois parfois assortis des costumes dissimulant le danseur. S’ils ont perdu en partie leur valeur religieuse, ils assurent encore la transmission des connaissances aux initiés. Souvent effrayants comme le masque-cimier Boki du Nigeria, double visage grimaçant qui prouvait l’acquisition d’un savoir occulte, les masques sont très fréquemment associés à des cornes suggérant des liens entre l’humain et l’au-delà. Mais de nombreux masques ont avant tout un but ludique, comme le masque Kungan des Bamilékés du Cameroun. Joues gonflées par un rire énorme, il a mélangé dans sa bouche diverses substances qu’il crache sur ses sujets pour leur transmettre ses forces.

En République démocratique du Congo (RDC), chez les Kuba, le roi a fière allure, c’est son costume qui fait de lui un roi, un être surnaturel. Chez les Songyés de RDC, le masque kifwebe entièrement couvert de rayures ne passe pas inaperçu. Mais plus extraordinaire encore, voici chez les Yoruba du Nigeria le costume egungun, ensemble de tissus fixés sur un support rigide, qui n’a plus rien d’un masque.

Tout change dans les Caraïbes. Des personnages masqués défilant pendant le carnaval pourraient rappeler l’Afrique, mais ces manifestations expriment surtout le vécu actuel des habitants et leurs revendications identitaires ou politiques. On voit alors surgir Vaval, roi du carnaval qui se charge de clamer tout ce qui ne peut être dit. Évoquant le Vaval de Fort–de-France réalisé  en 2010 par Hervé Beuze, le Musée Dapper présente un autre Vaval créé par l’artiste pour le musée. Haut en couleurs, ce mannequin hiératique aux allures de masque annonce les thèmes qui préoccupent le monde actuel.

Voir « Mascarades et carnavals »

Musée Dapper, 35 bis, rue Paul-Valéry, Paris-16e, www.dapper.com.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°642 du 1 janvier 2012, avec le titre suivant : Bas les masques au Musée Dapper

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