Espagne

Barcelone, du gothique à la vidéo

Itinéraire dans la capitale catalane

Par Roberta Bosco · Le Journal des Arts

Le 8 juillet 1998 - 746 mots

Du quartier du Raval à la colline de Montjuich en passant par la rue Montcada, musées, galeries et fondations font de Barcelone un foyer culturel parmi les plus actifs d’Espagne et justifient à eux seuls un voyage sur les terres de Picasso, Miró ou Tàpies.

Cet été, le Musée d’art contemporain de Barcelone (Macba) expose deux des principaux vidéastes américains : Gary Hill et John Baldessari. Hill montre trois œuvres dans lesquelles il analyse la réalité et ses manifestations, en suscitant la participation du spectateur dans le processus de création. Dans l’installation Tele Dulce Hogar (Télé Doux Foyer), Baldessari réfléchit sur l’importance sociale des moyens de communication, par le biais d’une centaine de vidéos d’artistes comme Mapplethorpe, Jarmush, John Waters, Patti Smith, Tom Waitts ou Atom Egoyan. Une partie de la collection permanente est également présentée avec, en prime, un concert de jazz le jeudi à 20h30. De son côté, le Centre de culture contemporaine de Barcelone (CccB) poursuit ses expositions inclassables, étudiant la ville sous tous ses aspects. L’écologie est au cœur de “La Ciutat Sostenible” (La Ville Supportable), une invitation à repenser la ville pour la rendre “supportable” sur le plan écologique, architectural, urbain... Sous l’impulsion du Macba et du CccB, le quartier du Raval est devenu en deux ans le cœur de la vie artistique. Les inaugurations des galeries d’art contemporain se sont multipliées jusqu’à le convertir en quartier de l’art par excellence. Les galeries Carles Poy, Ferran Cano, Alter Ego, dels Angels et Urania (spécialisée en architecture), ainsi que Magari et Forum Ferlandina (consacrées aux bijoux contemporains), organisent ensemble leurs vernissages, avec des fêtes qui se prolongent toute la nuit.

Du côté de la rue Montcada
Le quartier del Borne est un autre foyer artistique de Barcelone, grâce à la fameuse rue Montcada : sur quelque 500 mètres se succèdent le Musée Picasso et de nombreux espaces voués à l’art, installés dans de splendides bâtiments médiévaux, dont la Galerie Maeght et la Salle Montcada de la Fondation La Caixa, qui présente les œuvres expérimentales et engagées de jeunes artistes. Le Musée Picasso, pour satisfaire un nombre de visiteurs toujours croissant (plus de 800 000 en 1997), commencera à l’automne sa troisième restructuration depuis son ouverture, en 1963. Juste en face, le Musée du textile et du costume partage, depuis plus d’un an, ses espaces d’accueil avec le nouveau Musée d’art précolombien Barbier-Mueller, installé dans le Palais Nadal. Le bâtiment du XVe siècle a été rénové pour accueillir la collection prêtée pour quatre ans par Jean-Paul Barbier à la Ville de Barcelone, qui pourra l’acquérir au terme de cette période. La collection comporte 150 œuvres, dont environ quatre-vingts sont exposées par rotation. Non loin de là se trouve la fondation de l’un des plus grands collectionneurs espagnols, Rafael Tous, le Metronom, avec une programmation d’avant-garde : performances, installations sonores et audiovisuelles, vidéo et photographie.

À Montjuich, la Fondation Joan Miró, construite par l’architecte Sert, expose tout l’été sa collection permanente. Autre lieu phare de la colline, le Palau Nacional, bâti pour l’Exposition universelle de 1929, accueille le Musée national d’art de Catalogne (Mnac), que Gae Aulenti rénove depuis maintenant plus de huit ans. Récemment, les sections consacrées aux arts roman et gothique ont enfin rouvert, et une collection de photographie est en cours de constitution. Rappelons que le Mnac possède la plus importante collection d’art roman au monde. Lorsque la rénovation sera achevée, le Palau Nacional réunira toutes les collections jusqu’aux avant-gardes historiques, y compris celles du XIXe siècle, actuellement exposées au Musée d’art moderne de la Citadelle. Pendant l’été, le Mnac consacre une rétrospective au photographe Ortiz Echague, grâce aux œuvres de la donation faite par l’artiste à l’université de Navarre.

Dans le quartier de l’Eixample, où se trouve la plus grande concentration d’architecture moderniste au monde, la Fondation Tàpies expose cet été l’œuvre de son fondateur. Un peu plus loin, à la Pedrera, la célèbre maison de Gaudí, la Fondation Caixa de Catalogne présente “Paul Delvaux 1897-1994”.

A voir

GARY HILL ET JOHN BALDESSARI, 15 juillet-27 septembre, Museo d’Art Contemporani de Barcelona, Plaça dels Angels 1, tél. 34 93 412 08 10.
LA VILLE SUPPORTABLE, jusqu’au 13 septembre, Centro di Cultura Contemporania de Barcelona, Montalegre 5, tél. 34 93 306 41 00.
ORTIZ ECHAGUE, jusqu’au 4 octobre, Museu Nacional d’Art de Catalunya, Palau Nacional, Montjuich, tél. 34 93 423 71 99.
PAUL DELVAUX 1897-1994, jusqu’au 30 août, Fundació Caixa de Catalunya, Passeig de Gracia 92, tél. 34 93 484 59 79.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°64 du 8 juillet 1998, avec le titre suivant : Barcelone, du gothique à la vidéo

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