Autour de Camille Claudel, sculptrices et sororités

Avant elle, dans son entourage, puis dans son sillage, nombreuses sont les femmes qui se sont illustrées dans le domaine de la sculpture avant de tomber dans l’oubli. Au Musée Camille-Claudel (puis à Tours et Pont-Aven), elles sortent aujourd’hui de l’ombre. La célèbre sculptrice, disciple d’Auguste Rodin (1840-1917), reste le pivot du parcours qui réunit les créations de celles qui l’ont inspirée et côtoyée. Non loin d’une superbe Sapho endormie en marbre réalisée par Marguerite Syamour (1857-1945), d’imposants reliefs en bronze de Marie Cazin (1844-1924) attirent le regard du visiteur, tout comme le double buste empreint de complicité de Carolina Benedicks-Bruce (1856-1935). Il n’est pas question de brosser le portrait d’un « art féminin », un contresens complet : les sculptrices divergent tant dans leurs styles, leurs choix de sujets que dans leurs milieux sociaux et parcours de vie. Unies, elles le sont en revanche dans leurs conditions de travail. Interdites d’accès à l’École des beaux-arts, elles se regroupent dans des ateliers privés où se nouent des liens d’amitié, d’entraide, voire parfois de rivalité. Une émulation ici mise en lumière par des correspondances, photographies d’époque et plusieurs variations mises en regard. Ainsi, un même visage devient particulièrement expressif entre les mains de Camille Claudel, plus stylisé chez Rodin, bien plus réaliste chez Jessie Lipscomb (1861-1952).