Des tableaux anciens rares sur le marché permettent à Sotheby’s de l’emporter une nouvelle fois sur Christie’s

Par Marie Potard · lejournaldesarts.fr

Le 17 juillet 2014 - 602 mots

LONDRES (ROYAUME-UNI) [17.07.14] - Pour leurs ventes de peinture ancienne, Christie’s et Sotheby’s Londres ont récolté à elles deux 113 millions de livres frais compris (142 millions d’euros), soit presque deux fois plus que l’an passé. Pourtant, Christie’s a souffert d’un manque d’œuvres fraîches sur le marché, contrairement à Sotheby’s.

« Le marché de la peinture ancienne se porte bien. Les acheteurs, aussi bien marchands que collectionneurs, sont présents et actifs dès qu’il y a un tableau important », note Nicolas Joly, expert. Mais, entre Christie’s et Sotheby’s, « c’était le jour et la nuit. Chez Christie’s, l’atmosphère était plombée et la salle atone. En revanche, chez Sotheby’s, les marchands tels que Richards Green ou Johnny Van Haeften étaient très actifs ». Il n’y a pas de secret : les œuvres récemment apparues sur le marché ont fait la différence : chez Sotheby’s, la vente était composée de plusieurs collections inédites, dont la collection Coppée et celle du duc de Northumberland. La maison de ventes a récolté 68,3 millions de livres, bien au-delà de son estimation de départ (39 à 57,2 millions de livres). La plus belle enchère est allée à une œuvre de Georges Stubbs, Tigres jouant, emportée à 7,7 millions de livres par un acheteur asiatique (est. 4 à 6 millions de livres). Quant au Jardin d’Éden par Brueghel l’Ancien, de la collection Northumberland, il s’est envolé à 6,8 millions de livres (est. de 2 à 3 millions de livres), un record mondial pour l’artiste. C’est de nouveau un collectionneur asiatique qui s’en est emparé, contre Johnny Van Haeften, prouvant la présence renforcée des acheteurs extrêmes-orientaux dans les ventes. Beau prix également pour le primitif italien Giovanni da Rimini, avec le panneau gauche d’un diptyque représentant des épisodes de la vie de la Vierge et des saints. Estimé 2 à 3 millions de livres, il a atteint 5,7 millions de livres.

Avec moins d’œuvres fraîches sur le marché, Christie’s a eu du mal à vendre les lots proposés, n’en cédant que la moitié d’entre eux (53 % des lots vendus). « Il y avait des téléphones mais, dans la salle, les marchands n’étaient pas actifs. Il leur faut de la marchandise très fraîche ! », note Nicolas Joly. La maison de ventes totalise 44,9 millions de livres, contre une estimation de 42 à 61 millions de livres, c’est-à-dire en dessous de son estimation basse si l’on prend en compte le total sans les frais (38,9 millions de livres). Sans grandes envolées, elle s’en sort cependant grâce à la vente de ses lots phare, Le Bassin Saint-Marc avec la place et le palais des Doges de Francesco Guardi (1712-1793) ‒ adjugé 9,8 millions de livres, dans la fourchette de son estimation (est. 8 à 10 millions de livres), le prix le plus élevé de cette session estivale ‒ et Saint Praxedis, une œuvre de jeunesse de Vermeer (1632-1675), non représentative de sa manière, vendue au marteau 5,5 millions de livres, donc en dessous de son estimation basse (6 millions). Quant à La Montée au Calvaire de Pieter Brueghel le Jeune, 5,5 millions de livres ont été déboursés pour l’acquérir, moins qu’en 2006 (5,1 millions de livres chez Sotheby’s Londres). Une mauvaise affaire, donc, pour le vendeur.

Note

Tous les prix mentionnés sont frais compris sauf indiqués.

Christie’s, le 8 juillet (vente du soir)

Résultat : 44,9 millions de livres (56,5 millions d’euros)
Estimation : 42,6 à 61,1 millions de livres
Taux de vente : 53 %

Sotheby’s, le 9 juillet (vente du soir)

Résultat : 68,3 millions de livres (85,9 millions d’euros)
Estimation : 39 à 57,2 millions de livres
Taux de vente : 81 %

Légende photo

Georges Stubbs (1724-1806), Tigres jouant - 101,5 x 127 cm - Estimation 4 000 000 - 6 000 000 £ - Vendu 7 698 500 £ - Vente du 9 juillet 2014 - Sotheby's Londres - Photo www.sothebys.com 

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