Après trois ans de fermeture pour travaux, le site historique du Creux de l’Enfer rouvre dans des espaces rénovés et augmentés.

Thiers (Puy-de-Dôme). Fermé au public pour rénovation depuis 2022, le site historique du Creux de l’Enfer, centre d’art contemporain d’intérêt national, rouvrira le 27 juin. Cette ancienne coutellerie emblématique de l’architecture industrielle du XIXe siècle, surplombant la rivière de la Durolle au cœur de la « vallée des Usines » de Thiers, avait bien besoin de travaux d’envergure.
L’usine du Creux de l’Enfer (1 600 m²) n’avait bénéficié d’aucune rénovation depuis sa réhabilitation en centre d’art en 1987. « Le bâtiment avait fait l’objet d’une carence d’entretien, la structure était très endommagée », explique Vincent Speller de l’agence d’architectes Fabre/Speller, maître d’œuvre du chantier de 1987 comme de la rénovation actuelle. Menuiseries corrodées, isolation thermique insuffisante, mise aux normes de sécurité et d’accessibilité indispensable : le diagnostic complet du bâtiment, réalisé en 2019 à la demande de Sophie Auger-Grappin, alors directrice du centre d’art depuis quelques mois, a mis l’accent sur la nécessité de réaliser des travaux sans délai.
D’après Sophie Auger-Grappin, le centre d’art a dû attendre le verdict des élections municipales de 2020 pour entamer sa mue : alors que l’ancien maire de Thiers, Claude Nowotny (PCF), ne voulait pas entendre parler du chantier, Stéphane Rodier (Divers gauche) a très vite décidé d’engager la restauration du site et de mettre l’usine du May (1 000 m²), voisine du Creux de l’Enfer, à la disposition du personnel – la Ville de Thiers étant propriétaire des deux usines. Le maire souhaite en effet « affirmer la culture comme manière de rendre le territoire attractif ». Initialement estimé à 2,2 millions d’euros, le coût des travaux a été réévalué à 2,3 millions, soit une augmentation d’environ 5 %, relativement courante pour un projet de cette envergure. La commune a financé le chantier à hauteur de 1,2 million d’euros (55 % du coût total), un engagement fort pour cette petite ville comptant un peu plus de 11 000 habitants. L’État, par le biais de la direction régionale des Affaires culturelles Auvergne-Rhône-Alpes, et le conseil régional ont alloué, pour le premier, 700 000 euros, pour la seconde, 300 000 euros au projet.
Vincent Speller et Alexandre Bagros-Murat, respectivement architecte et ingénieur indépendant, se sont associés sur ce chantier afin de valoriser l’existant tout en assurant la rénovation énergétique du bâtiment – avec, pour objectif, 68 % d’économies annuelles. Au rez-de-chaussée (170 m²), les fenêtres d’époque ont été remplacées par du double vitrage et l’ancien système de chauffage a cédé la place à un plancher chauffant hydraulique régulant la température ambiante. Le sous-sol (100 m²), jusqu’alors fermé au public, dispose désormais d’une salle d’exposition et de sanitaires accessibles aux personnes à mobilité réduite. Concernant la sécurisation des espaces, Speller et Bagros-Murat ont réécrit la notice de sécurité de la Grotte, ce petit espace de 20 m² situé à l’étage. L’ouverture de cette pièce a été élargie. Des escaliers de secours ont aussi été placés à l’extérieur du bâtiment. Le parcours de visite a pour sa part été entièrement repensé : le visiteur entre par le site historique, emprunte une passerelle et achève sa visite par l’usine du May. Le site historique dispose désormais de 500 mètres carrés d’espaces d’exposition, soit une surface augmentée de 20 %, auxquels s’ajoutent les 295 mètres carrés de l’usine du May.
Le Creux de l’Enfer célèbre cette année les 40 ans de la redécouverte de l’usine par George Trakas dans le cadre d’un symposium de sculpture métallique monumentale. Pour l’occasion, les passerelles en acier (1985) et le Pont de l’épée (1988), installés par l’artiste en contrebas de l’usine, ont été restaurées par l’entreprise Jakubowski. Et pour marquer le coup, « In Vivo », l’exposition inaugurale du Creux de l’Enfer, réunira cinq artistes de renommée internationale ayant marqué l’histoire du centre d’art : Hubert Duprat, Mona Hatoum, Ann Veronica Janssens, Roman Signer et George Trakas, ainsi que sept artistes du programme de résidences « Viva Villa ! ».
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Le Creux de l’Enfer retrouve son éclat
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°657 du 6 juin 2025, avec le titre suivant : Le Creux de l’Enfer retrouve son éclat








