Le conteur Wolinski

La femme, objet de désirs, de rêveries, est la survie de l’homme chez Georges Wolinski confronté très jeune à la mort violente. Celle d’abord de son père, Siegfried, ferronnier d’art tué par un de ses employés à Tunis, puis de sa première épouse, Kean, morte en 1966 dans un accident de voiture. Chez cet auteur prolixe aux supports multiples, conteur talentueux curieux de toutes les techniques et de tous les genres – dessin de presse, dessins animés, bandes dessinées, affiche de spectacle ou de publicité –, la relation entre les sexes sert cependant à évoquer tout autant sa passion pour les femmes que de paradigme pour traiter des relations de pouvoir, des conventions et des hypocrisies avec une verdeur corrosive. De Bosc, Dubout, Will Elder – ses auteurs de référence – à Cavanna son mentor ; de Gébé, Siné, Copi, Reiser et Topor, ses premiers compagnons de route, d’Hara Kiri à Charlie-Hebdo, qui publia aussi ses récits de voyage : le cheminement de sa pensée n’a cessé de coller en toute liberté aux mutations de la société et à ses tourments.