Biennale

La Biennale de Lyon à la recherche d’un nouvel élan

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 28 mai 2024 - 654 mots

LYON

Le commissariat de l’édition 2024 a été confié à Alexia Fabre qui va inaugurer le nouveau lieu principal dans des friches SNCF.

Extérieur des Grandes Locos. © Métropole de Lyon / Jérémy Cuenin
Extérieur des Grandes Locos.
© Métropole de Lyon / Jérémy Cuenin

Lyon. Déstabilisée depuis plusieurs éditions par des changements incessants dans ses équipes  – ses lieux, ses financements et des directions artistiques hasardeuses –, la Biennale de Lyon espère que l’ancrage dans les Grandes Locos va enfin lui apporter une assise sur laquelle elle va pouvoir repartir de l’avant. Après deux éditions dans les anciennes usines Fagor, des espaces ingrats et fades, la Biennale d’art contemporain va s’installer dans l’ancien technicentre de la SNCF, à La Mulatière, au sud de Lyon. Une manière de renouer avec l’ambiance de La Sucrière, cet entrepôt industriel en bord de Saône qui a participé aux belles années de la Biennale ? Dans l’esprit, sans doute, dans la pratique pas tout à fait. Les grandes halles de la SNCF sont plus éloignées que La Sucrière (mais le métro dessert la zone à 14 minutes de la gare Part-Dieu) et vont rester dans leur jus pendant de longues années. Il n’est pas facile d’occuper l’espace en tout cas pas avec des œuvres fragiles. Isabelle Bertolotti, la directrice artistique de la Biennale et directrice du Musée d’Art contemporain (MAC Lyon) se félicite que deux autres manifestations essuient les plâtres ou plutôt la poussière avant l’inauguration de la Biennale, le 17 septembre prochain.

Comme pour chaque édition, la manifestation se déploie dans plusieurs endroits : le MAC Lyon bien sûr, lieu historique de la Biennale, mais aussi la Cité internationale de la gastronomie, l’IAC, le Musée des Beaux-arts, la Fondation Bullukian. Le Musée (désaffecté) Guimet n’est plus sur la carte, sur fond de tension entre Nathalie Perrin-Gilbert, démise il y a quelques jours par le maire Grégory Doucet (EELV) de son poste d’adjointe à la culture. L’élue s’oppose vigoureusement à la vente du bâtiment et avait annoncé sa réouverture en 2025, une annonce prématurée pour le maire.

Espace intérieur des Grandes Locos. © Métropole de Lyon / Thierry Fournier.
Espace intérieur des Grandes Locos.
© Métropole de Lyon / Thierry Fournier.

Cette année, le commissariat est assuré par une seule personne, Alexia Fabre, qui a déjà fort à faire avec la direction de l’École des Beaux-Arts de Paris. En 2019, le commissariat avait été confié aux sept curateurs du Palais de Tokyo et en 2022 (la Biennale avait été repoussée en raison du Covid) à un duo, Sam Bardaouil et Till Fellrath. Le thème de cette 17e édition est intitulé « Les voix des fleuves », un thème valise comme la plupart des thèmes des biennales, comme le reconnaît Alexia Fabre qui préfère insister sur l’ancrage territoriale : « une biennale située », explique-t-elle. Une grande partie des 60 artistes exposés vivent en France, et sont venus voir les lieux avant de concevoir leur travail. C’est en effet l’une des particularités de Lyon que de puiser dans la scène française (Ivan Argote, Alix Boillot, Jérémie Danon) et de produire la plupart des œuvres : une cinquantaine pour une dizaine préexistantes (Annette Messager, Christian Boltanski). Dans les dernières semaines de préparation, près de 300 personnes (CDD ou employés municipaux) peuvent travailler à la fabrication des œuvres et à leur montage.

En raison des contraintes budgétaires, d’année en année, le nombre d’œuvres exposées diminue. Les subventions publiques sont à la baisse (Métropole 2,5 M€, État 1 M€, Ville 0,5 M€, Région 0,5 M€) de sorte que l’association qui gère les deux manifestations (la danse et l’art contemporain en alternance) doit trouver des ressources propres pour boucler son budget d’environ 8 M€. Elle peut compter sur les recettes de billetterie (en 2022, 20 € pour le tarif de base, mais de nombreuses réductions et gratuités) d’une partie des 275 000 visiteurs. La plupart des visiteurs viennent de la région et ont moins de 26 ans (gratuit pour les moins de 15 ans et les étudiants). L’enjeu est d’attirer en plus grand nombre les adultes et les visiteurs étrangers afin d’accroître le rayonnement de la plus importante biennale française et les recettes propres (environ 1 M€). L’enjeu est aussi d’attirer les mécènes indispensables (2,5 M€ selon notre décompte) pour financer les coûts.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°634 du 24 mai 2024, avec le titre suivant : La Biennale de Lyon à la recherche d’un nouvel élan

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