Politique

Kehinde Wiley et Amy Sherald brossent le portrait des Obama

Par Shahzad Abdul (correspondant à Washington) · lejournaldesarts.fr

Le 13 février 2018 - 520 mots

WASHINGTON / ETATS-UNIS

Les portraits officiels, chargés de multiples symboles, du couple Obama seront exposés à la National Portrait Gallery

Des couleurs vives, des formes allégoriques et une symbolique historique. Les portraits officiels de Barack et Michelle Obama, réalisés par deux artistes hip-hop, ont dépoussiéré les codes du National Portrait Gallery (NGP), musée de Washington qui abrite la fameuse collection de toiles représentant les présidents des Etats-Unis.

Les peintures à l'huile qui sont entrées lundi 12 février au NGP revêtent une dimension historique. D'abord, bien sûr, car le 44e président des Etats-Unis et l'ancienne Première dame sont les premiers Noirs à figurer dans les galeries réservées à leurs fonctions respectives. Mais aussi car leurs portraits sont les premiers réalisés pour le musée par des artistes eux aussi Afro-Américains. 

Il suffit, pour mesurer la portée de cet événement pour la première fois retransmis en direct à la télévision, de se figurer que, à quelques pas de "BO" sont accrochés les portraits du premier président américain George Washington et du troisième, Thomas Jefferson, qui tout deux possédaient des esclaves.

Barack Obama a choisi de poser devant Kehinde Wiley, devenu célèbre pour ses portraits d'Afro-Américains peints à la façon des grands rois et autres empereurs européens, sceptre à la main ou encore à dos de cheval. Lui est représenté en costume sans cravate sur une chaise en bois, au milieu d'une dense végétation. « J'ai dû expliquer que j'avais assez de problèmes politiques sans qu'il me fasse ressembler à Napoléon », s'est amusé l'ex-président lors de la cérémonie, racontant avoir échoué à « négocier moins de cheveux gris ».

Plus sérieusement, a repris Barack Obama, « ce qui m'a toujours frappé quand je regardais ses portraits, c'était combien ils défiaient notre vision habituelle du pouvoir et du privilège ».  Il a expliqué avoir choisi l'artiste originaire de Los Angeles car celui-ci sait « reconnaître la beauté, la grâce et la dignité des personnes qui sont si souvent invisibles ».

La peinture comporte plusieurs clins d'oeil aux différentes parties de la vie du président Obama. Il y a des lys bleus d'Afrique, symboles de son héritage africain et de son père Kényan, des jasmins, réminiscences de Hawaï, où il a grandi, et puis les chrysanthèmes, la fleur officielle de Chicago, où il a lancé sa carrière politique et rencontré Michelle Obama.

Kehinde Wiley, <em>Barack Obama</em>, et Amy Sherald, <em>Michelle LaVaughn Robinson Obama</em>, 2018, huiles sur toiles, collection National Portrait Gallery, Smithsonian Institution, Washington
Kehinde Wiley, Barack Obama, et Amy Sherald, Michelle LaVaughn Robinson Obama, 2018, huiles sur toiles, collection National Portrait Gallery, Smithsonian Institution, Washington
Photo Kehinde Wiley & Amy Sherald

Cette dernière a été brossée par Amy Sherald - étoile montante de la peinture américaine -, assise le menton posé sur sa main, dans une robe noire, blanche et grise avec de très légères touches de couleur qui s'évase pour former comme une pyramide. Au sommet de cette forme, le visage de la très populaire ex-Première dame est moins précis que celui de son mari, de sorte presque à laisser l'imaginaire le remplacer par un autre. Michelle Obama, elle-même, a surtout insisté sur l'impact que la toile pourrait avoir sur les « filles de couleur ».

« Elles vont voir une image de quelqu'un qui leur ressemble sur les murs de cette grande institution américaine », s'est-elle félicitée. « Et je sais le genre d'impact que cela aura sur leur vie, parce que j'ai été l'une de ces filles ».

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