États-Unis - Disparition

Ida Applebroog (1929-2023)

Par Orane Auriau · lejournaldesarts.fr

Le 27 octobre 2023 - 374 mots

L’artiste plasticienne new-yorkaise, figure majeure de l’art féministe américain, s’est éteinte le 22 octobre à l’âge de 93 ans.

Ida Applebroog dans son atelier en 2018. © Emily Poole / Courtesy Hauser & Wirth
Ida Applebroog dans son atelier en 2018.
© Emily Poole
Courtesy Hauser & Wirth

L’art féministe américain vient de perdre une de ses figures tutélaires : Ida Applebroog avait 93 ans. C’était une artiste pluridisciplinaire créant des peintures, sculptures, films, photographies et installations, dans lesquels elle racontait l’isolement, le sexisme, l’homophobie et la violence du quotidien. Ses œuvres montrent des corps tantôt désarticulés, tracés nettement à l’encre, tantôt enfermés dans des espaces domestiques, dans des apparences rappelant la BD ou fantomatiques. Elle aimait la théâtralité, plaçant ses figures derrière fenêtres, écrans ou rideaux, lorsqu’ils n’étaient pas réduits à leurs appareils génitaux. 

Née en 1929 dans le Bronx au sein d’une famille juive orthodoxe, elle se rêve artiste depuis toute petite mais se heurte aux impératifs sociaux lui intimant de trouver époux et foyer. Applebroog fuit ce milieu pour suivre sa propre voie. Elle étudie à l’Institute of Applied Arts and Sciences de New York (1948-50) puis à la School of Art Institute de Chicago en 1965. Elle installe son premier atelier en 1968 à San Diego en Californie.

De sa rencontre avec des artistes et écrivaines, telles que Judy Chicago, Miriam Schapiro et Kathy Acker, naît sa conscience féministe. Elle s’immerge dans le mouvement féministe américain après sa participation à la Feminist Artists Conference at the California Institute of the Arts en 1972. A partir de cette décennie, tout particulièrement lorsqu’elle s’installe définitivement à New York en 1974, sa carrière s’envole avec son livre d’art « Stagings » - qui rassemble ses dessins relatant la vie des femmes. En 1976, elle s’engage aux côtés de Lucy Lippard au sein du collectif Heresies, créé par des activistes et artistes. 

Pourtant, Ida Applebroog refusait d'être catégorisée en tant qu'artiste féministe, arguant que cela « ghettoïsait ». Elle préférait la qualification « d’artiste générique ». Ses œuvres s’emparaient de tous les sujets sociaux : classes sociales, genres, image des femmes à travers les médias, la mode et l’art. Elle s'intéressait au fonctionnement du « pouvoir : les hommes sur les femmes, les parents sur les enfants, les gouvernements sur les gens, les médecins sur les patients »

Elle était représentée depuis 2009 par la galerie Hauser & Wirth, qui prévoit prochainement de lui rendre hommage à travers une exposition intitulée « RETROaction »
 

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