Art contemporain

Disparition du poète John Giorno

Par Antonin Gratien · lejournaldesarts.fr

Le 14 octobre 2019 - 435 mots

ETATS-UNIS

L’écrivain et artiste pluridisciplinaire new-yorkais était l’un des derniers représentants de la Beat Generation américaine. 

John Giorno. © Photo Kirjavirta, 2010
John Giorno
Photo Kirjavirta, 2010

Poète, peintre et créateur de performances, il était le chantre d’une poésie radicale et sonore. John Giorno est décédé vendredi 11 octobre à l’âge de 82 ans. L’information a été confirmée par la galerie new-yorkaise Sperone Westwater Gallery qui expose actuellement et jusqu’au 26 octobre ses aquarelles, sculptures, et affiches.

Né à New York en 1936, John Giorno compose son premier poème à l’âge de 14 ans. Il intègre la Columbia University, obtient son diplôme en 1958 et s’immerge dans les milieux d’avant-garde new-yorkais parmi lesquels il rencontre notamment l’auteur William Burroughs. Amant et muse d’Andy Warhol, John Giorno est le héros assoupi immortalisé dans le célèbre film Sleep, tourné par le pape du Pop Art en 1963. L’année suivante, il publie Pornographic Poem, l’un de ses textes-phares évoquant orgies et érotique homosexuelle.

Durant cette période, il déclare au commissaire d’exposition suisse Hans Ulrich Obrist : « Il m’est apparu que la poésie était 75 ans en retard sur la peinture, la sculpture, la danse et la musique ». Une grande partie de son œuvre visera à combler ce retard en réformant cette littérature, tant au niveau de sa forme qu’à celui de sa diffusion. 

Pour ce faire, il fonde en 1967 le Giorno Poetry System (GPS), à l’origine d’un label, d’une quarantaine d’albums, de plusieurs groupes de musique et de sa création la plus fameuse : le « Dial-A-Poem », un service téléphonique permettant d’écouter de la poésie. 

Dans les années 1980, les revenus des poésies sonores enregistrées par GPS sont reversés aux victimes du SIDA, et aux artistes émergents atteints du virus. « J’avais toujours imaginé mon Pornographic Poem comme partie prenante de la libération du mouvement gay, mais ça a été une catastrophe, avait confié John Giorno à Frieze en 2015, j’avais décidé que je devais faire quelque chose de plus »

Au fil de sa carrière, John Giorno a développé une pratique plastique lui permettant de déclamer des formules poétiques ramassées, sous la forme de slogans publicitaires subversifs (« Just say No to family values ») ou provocants (« A Hurricane in a drop of cum »), sur des tableaux de petits et grands formats. D’autres formules étaient inspirées de la culture bouddhique, dont l’artiste était adepte depuis 1956.

Son travail avait été présenté en 2015 dans le cadre d’une rétrospective au Palais de Tokyo. Intitulée « UGO RONDINONE  : I ♥ JOHN GIORNO », l’exposition avait été mise en scène par le compagnon du poète, l’artiste suisse Ugo Rondinone, et ensuite réactivée à New York. 
 

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