Disparition

Disparition de Paul-Armand Gette

Par Henri-François Debailleux · lejournaldesarts.fr

Le 9 janvier 2024 - 490 mots

L’artiste amoureux de la nature, des nymphes et des déesses, est décédé hier matin à l’âge de 96 ans.

Paul-Armand Gette. © Paul Gette
Paul-Armand Gette.
© Paul Gette

Être « un artiste promeneur » ainsi qu’il se définissait et conjuguer dans sa pratique l’art, la nature et la science doit être un signe de longévité puisque Paul-Armand Gette est mort hier matin à 96 ans. Il était né le 13 mai 1927 à Lyon, où il fit des études d’ingénieur chimiste qui l’accompagneront toute sa vie. Mais au milieu des années 1950, encore marqué par un voyage en Italie, enfant, avec ses parents, et passionné depuis par le volcanisme, il se tourne vers la carrière artistique et réalise ses premières œuvres, les Calcinations, qui seront exposées en 1960 et qui ont été remontrées fin 2013, à la galerie Jean Brolly.

Rapidement sa démarche va s’articuler autour d’une double recherche : l’une tournée vers la botanique, la géologie, le paysage, la nature… et l’autre vers l’érotisme avec une réflexion sur l’étude et la notion du modèle en art, toutes les deux concrétisée par des photos, des dessins, des collectes d’échantillon, des vidéos, des notes, des « coloriages » selon son propre terme.

De l’image d’un mont volcanique à celle d’un mont de Vénus, ce n’est qu’une affaire de géométrie, de triangles inversés et de végétation. Il n’y a donc qu’un pas pour mettre des pubis en éruption. En amateur de failles et de fentes, de laves, de sucs et d’écoulements, de plis, de lisières et de frontières, l’artiste se jette sur le sujet à bras-le-corps. Une aubaine pour ce grand admirateur d’Alice, celle du pays des merveilles de Lewis Caroll, d’Adèle sa modèle favorite, d’Artémis (déesse de la chasse et de nature) et bien sûr d’Aphrodite dont il fit un jour les chroniques.

Car également écrivain, Paul-Armand Gette passionné par la publication de petits livres, n’arrêtait pas d’écrire, ainsi qu’on avait pu s’en rendre compte en 2022 à la librairie galerie Yvon Lambert, avec une exposition de certaines œuvres et surtout de ses ouvrages, à l’occasion de la sortie de sa première monographie Artémis & Paul-Armand Gette, 50 ans de rencontres et de conversations. Elle incluait notamment des textes du critique et historien d’art Bernard Marcadé, un proche de longue date, et de Blandine Chavanne, qui fut directrice du musée des beaux-arts de Nancy puis de celui de Nantes, deux institutions où elle organisa des expositions conséquentes de Gette.

Encore récemment, il écrivait très régulièrement un dialogue fictif avec une critique d’art romaine (son double) sur les réseaux sociaux. Il n’y a pas si longtemps, on pouvait encore croiser la grande silhouette de l’artiste qui, avec les années s’était voûtée comme un point d’interrogation (une question à ses muses, sans doute), dans le Marais à Paris. En grand marcheur il arpentait ce quartier depuis des lustres, d’abord rue Notre-Dame de Nazareth puis rue de Montmorency, sa dernière adresse.

Paul-Armand Gette au pays des merveilles (2023) - B.A.

Documentaire réalisé par Sylvie Boulloud

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