Russie - Disparition

Décès des artistes russes Vladimir Yankilevsky et Vladimir Kourdioukov

Par Emmanuel Grynszpan, correspondant à Moscou · lejournaldesarts.fr

Le 8 janvier 2018 - 487 mots

MOSCOU (RUSSIE) [08.01.18] - 2018 démarre tragiquement pour l’art contemporain russe, en emportant deux grands noms de la scène non-conformiste. Plus connu, Vladimir Yankilevsky vivait depuis longtemps en France.

Yankilevsky, qui fait partie des fondateurs du “Conceptualisme Moscovite” est décédé le 4 janvier à Paris à l’âge de 79 ans. Il est principalement connu pour ses œuvres de technique mixte (peinture/sculpture/installation), mêlant subtilement abstraction et figuration. Sa production, qui évoque le plus souvent les rapports homme/femme et la solitude, a trouvé sa place dans les plus grands musées occidentaux (Centre Pompidou, Musée d’art Moderne de Paris, Musée Maillol, Galerie nationale de Prague, Musée Ludwig de Cologne, Albertina de Vienne et bien d’autres). En Russie, la Galerie Tretiakov, le Musée russe et le Musée Pouchkine possèdent plusieurs de ses œuvres. De nombreux collectionneurs privés notamment français en possèdent également.

Né d’un père scientifique réputé, Vladimir Yankilevsky choisit la voie artistique et obtient un diplôme de la faculté d’art de l’Institut polygraphique de Moscou en 1962. Puis il entre dans le groupe très fermé et quasi-clandestin dit de la “Nouvelle réalité” dirigé par Elie Belioutine (1925-2012), qui regroupe toute une génération d’artistes soviétiques non-conformistes versés dans l’abstraction. Ses peintures sont pour la première fois exposées au public en 1962 dans le cadre de la fameuse exposition dite de “Taganka”.

La même année, lors de la non moins fameuse exposition dite du “Manège”, son travail fait l’objet de violentes critiques de la part du secrétaire général Nikita Khrouchtchev. Yankilevsky partage alors le sort d’autres artistes d’avant-garde et ses œuvres sont interdites de toute exposition publique jusqu’en 1975. Durant ces années, il se rapproche d’Ilya Kabakov et d’Erik Boulatov, qui sont aujourd’hui les artistes russes vivants les plus cotés. Comme eux, Yankilevsky émigre à la fin des années 80, choisissant d’abord New York avant de s’installer définitivement à Paris, comme Boulatov.

Une vaste rétrospective de son œuvre « Vladimir Yankilevsky - la boîte existentielle », était programmée de longue date pour cette année à Moscou, à l’occasion du 80ème anniversaire de la naissance de l’artiste. Yankilevsky a frôlé de 45 jours cette date.

La renommée du peintre Vladimir Kourdioukov est plus confidentielle. Décédé le 2 janvier à l’âge de 62 ans, Kourdioukov s’est fait un nom avec des nus et des paysages aux confins du figuratif et de l’abstrait. Né à Donetsk (aujourd’hui en Ukraine) dans une famille nombreuse très modeste, il se fraye grâce à son talent précoce un chemin jusqu’au Collège supérieur d’art Stroganov de Moscou, très élitiste à l’époque soviétique. Il commence à exposer en 1976 et devient en 1986 membre de l’Union (très officielle) des artistes soviétiques, bien que son style n’a jamais été académique. Kourdioukov est représenté par les galeries moscovites Aist et A-3. Ses peintures se vendent entre 5 000 à 15 000 dollars et figurent - entre autres - dans les collections du Musée d’art contemporain de Moscou et de la Kolodzey Art Foundation aux États-Unis.

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Vladimir Yankilevsky | Source photo vladimiryankilevsky.com

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