Festival - Photographie

A Arles, les Rencontres Photo 2021 comme des « lucioles » dans la tourmente

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 16 avril 2021 - 607 mots

ARLES

Les Rencontres d'Arles, un des plus importants festivals de photographie au monde, seront cette année « resserrées » autour d'expositions moins nombreuses dans le centre de cette ville du Sud de la France, mais tenteront d'éclairer l'été de « lucioles » malgré la pandémie.

Stephan Gladieu, Portraits de Nord-Coréens, Corée du Nord, Pyongyang, juin 2018 : Kim Yun Gyong, Han Sol Gyong, Kim Won Gyong, Kang Sun Hwa et Kong Su Hyang au cinéma 3D du SCI Tech Complex. Avec l’aimable autorisation de School Gallery / Olivier Castaing.
Stephan Gladieu, Portraits de Nord-Coréens, Corée du Nord, Pyongyang, juin 2018 : Kim Yun Gyong, Han Sol Gyong, Kim Won Gyong, Kang Sun Hwa et Kong Su Hyang au cinéma 3D du SCI Tech Complex.
Courtesy School Gallery / Olivier Castaing

« L'idée cet été c'est plutôt de faire moins que plus, mais c'est aussi une démarche écoresponsable qui nous correspond », a expliqué le directeur des Rencontres, Christoph Wiesner, dans une interview accordée à l'AFP avant l'annonce du programme 2021 jeudi. L'Allemand, a été nommé à la tête de ce festival en juin 2020, juste après l'annonce de son annulation en raison de la crise sanitaire.

Christoph Wiesner © Photo Jérémie Bouillon
Christoph Wiesner.
© Photo Jérémie Bouillon

Pour l'été 2021, « forcément particulier », il souhaite un festival « recentré sur le centre-ville et les lieux patrimoniaux » de cette cité classée au patrimoine mondial de l'Humanité par l'Unesco pour ses monuments romains et de l'art roman médiéval. En particulier pour le Prix découverte, qui permet de récompenser un artiste émergent, a-t-il expliqué à l'AFP, et qu'il a souhaité « ramener dans le centre » dans une volonté de mettre en lumière les jeunes talents. Lors des dernières éditions, ces artistes étaient exposés dans une friche près de la gare.

« Les restrictions sanitaires vont nous obliger évidemment à nous adapter », a admis M. Wiesner, évoquant une jauge d'une personne pour 10 m2 dans les salles d'expos, des réservations de créneaux horaires grâce à une application et l'annulation des traditionnelles soirées de début juillet au Théâtre antique.

Des lieux nouveaux seront investis, comme la Chapelle des Jésuites, et plusieurs expositions seront affichées en extérieur.

« Identités »

Une série d'expositions sera consacrée à la question de l'identité avec un volet baptisé « Masculinités » réunissant une cinquantaine d'artistes du monde entier « sur la manière dont la masculinité a été codée, interprétée et construite socialement des années 1960 jusqu'à aujourd'hui, par le biais du cinéma et de la photographie ».

Christoph Wiesner a également choisi l'exposition « The New Black Vanguard », du jeune commissaire new-yorkais Antoine Sargent, « entre art, mode et photographie ». Elle réunit des photographes Afro-Américains et Afro-Européens à l'église Sainte-Anne. « Ces images ouvrent la conversation autour de la représentation du corps noir et de la vie des Noirs en tant que sujet », soulignent les organisateurs.

Une autre exposition, à l'Espace Van Gogh, interroge sur le « pouvoir de l'art en période d'isolement ».

Les Rencontres célébreront aussi une grande dame de la photo, Sabine Weiss, 96 ans, en dévoilant « des séries jusqu'à présent complètement inédites », notamment des clichés américains des années 1950.

Christoph Wiesner, venu de l'art contemporain (*), explique avoir eu « la grande liberté de réinterpréter le programme de 2020 », comme la collection de photomontages, négatifs et tirages d'époque de l'architecte et designer Charlotte Perriand (1903-1999). « Elle a utilisé la photographie dans les années 1930 et 1940 notamment pour travailler sur un message social très fort », décrit M. Wiesner. L'artiste s'était intéressé à l'habitat insalubre.

Les Rencontres se dérouleront du 4 juillet au 26 septembre. Elles ouvriront un jour avant le festival de théâtre d'Avignon, et deux jours avant le festival de Cannes, exceptionnellement programmé en juillet.

Le festival, à 55 % financé par sa billetterie, avait reçu près de 150 000 visiteurs en 2019. Il y a d'ordinaire « 50 % d'étrangers la première semaine », rappelle M. Wiesner. « Et si l'horizon n'est pas encore dégagé, si la lumière sera cet été encore tamisée » en raison du Covid-19, il espère malgré tout que l'été arlésien « sera comme une constellation de lucioles ».

Par Julie Pacorel

Cet article a été publié par l'AFP le 15 avril 2021.
 

NOTE du Journaldesarts.fr

(*) Avant de devenir le co-directeur artistique de Paris Photo, Christoph Wiesner a été directeur de la galerie Esther Schipper à Berlin ainsi que de la galerie Yvon Lambert à Paris.

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