Festival

À Arles, le Festival du dessin dans les pas des Rencontres de la photo

Par Louise Wagon · lejournaldesarts.fr

Le 26 avril 2023 - 688 mots

ARLES

La première édition de la manifestation qui vient d’ouvrir aimerait bien avoir avec le même succès que le festival photo. 

Sempé (1932-2022), femme au jardin, 2008. © Jean-Jacques Sempé
Sempé (1932-2022), Femme au jardin, 2008.
© Jean-Jacques Sempé

La première édition du Festival du dessin se déroule jusqu’au 14 mai dans la ville d’Arles. Ce festival, à l’initiative de l’éditrice Vera Michalski, et de l’auteur, dessinateur et éditeur, Frédéric Pajak – le directeur artistique du festival –, ressemble à de nombreux égards aux célèbres Rencontres photographiques. Arles est une ville d’images, explique son maire, Patrick de Carolis, « d’images fixes, grâce à la photographie, d’images animées, grâce à l’industrie culturelle et créative qui s’y développe, et désormais d’images dessinées, grâce à ce nouveau Festival »

Tandis que les Rencontres d’Arles exposent environ 3 500 œuvres photographiques réalisées par plus de 470 photographes, la première édition du Festival du dessin présente un ensemble de 1 200 œuvres de 40 artistes (dont 13 Suisses), parfois inattendues comme les « têtes » dessinées par Victor Hugo, sorties pour la première fois de la Bibliothèque nationale de France (BnF) et exposées à la Fondation van Gogh.

Le Festival se déroule dans 10 lieux emblématiques de la ville d’Arles où le festival de la photographie prend ses quartiers depuis 1970 (dans 40 lieux pour les Rencontres). Les dessins sont ainsi exposés au Palais de l’Archevêché, à la Chapelle du Museon Arlaten, à l’Eglise des Trinitaires, à l’Espace Van Gogh, à la Fondation Vincent van Gogh, au Musée Réattu, à l’Eglise Saint-Césaire, à La Croisière – Actes Sud ou encore au Luma Arles – Les Forges.

Le Festival du dessin a pour ambition de dévoiler toutes les facettes du dessin, confrontant le dessin d’art, le dessin d’humour, de presse, l’art brut et les dessins « parallèles », à savoir ceux des sculptures d’architectes, d’écrivains, de poètes, de cinéastes ou encore de grandes figures de la mode. Les visiteurs peuvent ainsi découvrir les œuvres d’artistes tumultueux et oubliés comme celles d’Aloïse (1886-1918), une figure majeure de l’art brut. Elle dessinait en cachette, à la mine de plomb et à l’encre, mais aussi au suc de pétales, de feuilles écrasées et à la pâte de dentifrice, dans l’asile psychiatrique dans lequel elle a été internée durant cinquante ans. 

Autre destin sinueux et complexe, celui de Marcel Bascoulard, né en 1913 dans le Cher et assassiné en 1978. Cet homme, qui aimait s’habiller en femme, vivait dans la rue et a réalisé, sur le vif, des dessins des rues et de la cathédrale de Bourges, avec un réalisme virtuose.  

A la Croisière, les dessinateurs de presse ne sont pas oubliés avec Wozniak (Le Canard enchaîné), Mix and Remix ou El Roto. Sont exposés des dessins pointant les travers de nos sociétés contemporaines, leurs injustices et les aberrations. 

Cette première édition propose comme fil rouge un hommage au dessinateur français Jean-Jacques Sempé, décédé le 11 août 2022. Célébré pour son coup de génie, qualifié par le magazine du Monde de « monument national », cet autodidacte a capté la futilité et le burlesque des comportements humains en jouant sur les contrastes avec des personnages minuscules face à d’immenses immeubles ou publicités d’une société de consommation dévorante, les guerres de couples ou la solitude d’un pianiste de restaurant jouant dans une pièce vide. L’exposition « Hommage à Jean-Jacques Sempé », à la chapelle du Museon Arlaten, expose, sans être une rétrospective, montre bien l’évolution des coups de crayon de l’illustrateur.

Les Rencontres photographiques sont nées de l’initiative de Lucien Clergue et de Jean-Maurice Rouquette qui avaient pour ambition de mettre en valeur le patrimoine photographique mondial et les artistes, connus et méconnus. C’est également l’ambition de Frédérik Pajak et du Festival du dessin. « Le dessin est le premier art de l’enfance. […] Longtemps déconsidéré au profit de la peinture et mis à l’écart, il revient en force depuis quelques années dans l’apprentissage des Beaux-Arts, dans les galeries et les musées », souligne le directeur artistique. « Il était temps d’offrir à cet art une pleine dimension et de lui dédier un festival annuel, à la fois populaire et exigeant ». La manifestation a vocation à être annualisée, mais cela dépend du succès de cette première édition.
 

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