Archéologie

Profession

Archéologue, la pioche et la plume

Par Eva Bensard · Le Journal des Arts

Le 21 février 2003 - 838 mots

Dans le cadre de notre rubrique consacrée à un métier de la culture, nous vous invitons aujourd’hui à découvrir celui d’archéologue.

À la différence des “antiquaires” et amateurs des XVIIIe et XIXe siècles, en quête du “bel objet”, les archéologues contemporains s’attachent à connaître et à comprendre les sociétés du passé. “Ce ne sont plus des chercheurs au trésor”, résume Alain Schnapp, directeur de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA) et auteur de plusieurs ouvrages consacrés à l’archéologie. Le métier embrasse aujourd’hui un vaste champ d’activités. L’archéologue participe à l’extraction des données du sol, mais également au classement et à l’étude des collections archéologiques, qu’il enregistre et inventorie sur des bases de données informatiques ou des banques d’images. Il doit par ailleurs veiller à la diffusion de ses recherches, par le biais d’expositions, de colloques et de publications. “C’est un métier pluridisciplinaire, qui demande une grande polyvalence”, souligne Emmanuel Desclaux. Engagé par le département des Alpes-Maritimes pour étudier l’ensemble des vestiges issus de la grotte préhistorique du Lazaret, ce paléontologue conjugue travail de terrain, analyse en laboratoire, publications et animation pédagogique. Très vastes, les missions de l’archéologue requièrent ainsi des compétences multiples : en plus de solides connaissances en sciences humaines, physiques et naturelles, il doit être en mesure de diriger une équipe de fouilleurs, de discuter avec les aménageurs, les élus et le public, de rédiger des rapports ou des textes de vulgarisation scientifique, et bien sûr de maîtriser la chaîne allant de l’extraction à l’interprétation des données. Des qualités qui supposent une solide formation, à la fois théorique et pratique. Une vingtaine d’universités dispensent actuellement un enseignement en histoire de l’art et archéologie (lire l’encadré). Certaines d’entre elles, comme Paris-I et -IV (Sorbonne), Aix et Lille-III, proposent même un cursus complet, du 1er (Deug) au 3e cycle (DEA et doctorat). Mais, d’une façon générale, de nombreuses filières sont possibles (sciences de la nature, sciences physiques, lettres, informatique), l’idéal étant d’avoir une double formation, “en archéologie et dans une autre grande discipline comme l’histoire, l’anthropologie, les sciences naturelles ou physiques”, précise Alain Schnapp. Parallèlement à cette formation universitaire, souvent longue – huit années d’études sont nécessaires pour être titulaire d’une thèse de doctorat –, il est indispensable d’acquérir de l’expérience en participant à des fouilles. “Cela permet de se familiariser avec les différentes techniques de l’archéologie”, confie Max Werlet, archéologue à l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives). Le ministère de la Culture (sous-direction de l’Archéologie) diffuse chaque année, au mois de mai, la liste des chantiers ouverts aux bénévoles (www.culture.gouv.fr/culture/fouilles).
La France compte actuellement quelque 3 500 professionnels de l’archéologie, répartis entre le ministère de la Culture (services régionaux d’archéologie), les universités, le CNRS, les collectivités locales et l’Inrap – qui emploie environ 1 500 spécialistes du terrain. “Si les débouchés en archéologie sont potentiellement importants, explique Alain Schnapp, l’inquiétude est à l’ordre du jour depuis les amendements relatifs à la loi du 17 janvier 2001 [loi sur l’archéologie préventive, lire le JdA n° 160, 6 décembre 2002], votés au Parlement en novembre et décembre dernier. L’Inrap disposant de 25 % de ressources en moins, des emplois [notamment 400 contrats à durée déterminée] sont logiquement menacés. Ma génération s’est battue pour que cet institut soit créé et que le métier soit reconnu. C’est aujourd’hui aux jeunes de reprendre le flambeau. Il est fondamental de continuer à rappeler qu’il n’y a pas de société sans mémoire. Comme le disait Montalembert, ‘La mémoire du passé ne devient importune que lorsque le sentiment du présent est indigne’ ”.

Pour en savoir plus

- Les formations et les diplômes Une vingtaine d’universités proposent actuellement des filières archéologiques. Parmi celles-ci : les universités d’Aix-Marseille-I-Provence, Besançon, Bordeaux-III (DESS de sciences appliquées à l’archéologie), Caen, Clermond-Ferrand-II-Blaise Pascal, Dijon, Lille-III (cursus complet, du Ier au 3e cycle), Lyon-II-Lumière, Montpellier-III-Paul Valéry, Nancy-II, Nantes, Paris-I (MST de conservation et restauration des œuvres d’art des sites et objets archéologiques et ethnologiques), Paris-I et Paris-IV (cursus complet, du Ier au 3e cycle), Paris-X, Pau, Poitiers, Strasbourg-II, Toulouse-II et Tours. D’autres formations sont par ailleurs dispensées par l’École du Louvre (tél. 01 55 35 18 00), l’École des Chartes (tél. 01 55 42 75 00), l’École normale supérieure (ÉNS) d’Ulm (tél. 01 44 32 30 00) et de Lyon (tél. 04 72 72 80 00), l’École nationale du patrimoine (tél. 01 44 41 16 14), l’École des hautes études en sciences sociales (ÉHESS, tél. 01 49 54 25 01) et l’École pratique des hautes études (tél. 01 40 46 31 37). - Les organismes Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives), tél. 01 40 08 80 00 ; CNRS (Centre national de la recherche scientifique), tél. 01 44 96 40 00 ; CNAU (Centre national d’archéologie urbaine), à Tours, tél. 02 47 66 72 37 ; CNP (Centre national de la préhistoire), à Périgueux, tél. 05 53 06 69 69 ; DRASSM (Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines), à Marseille et Annecy, tél. 04 91 14 28 00. Cette liste peut être complétée sur le site Internet www.archeobase.com.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°165 du 21 février 2003, avec le titre suivant : Archéologue, la pioche et la plume

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