Politique

Un projet de budget culture 2018 sans éclat

Par Jean-Christophe Castelain · lejournaldesarts.fr

Le 28 septembre 2017 - 748 mots

PARIS [28.09.17] – Dans une enveloppe globalement stable par rapport à 2017, les médias, les monuments, les musées et les arts visuels devront un peu se serrer la ceinture pour financer un patchwork de mesures nouvelles d’éducation artistique et culturelle.

Emmanuel Macron l’avait annoncé pendant sa campagne, Françoise Nyssen l’avait confirmé depuis à plusieurs reprises : le budget de la culture a bien été « maintenu ». Et ce, quelles que soient les masses que l’on prend en compte.

Ainsi, si l’on additionne les crédits du ministère, les budgets des opérateurs indépendants tels que le Centre national du cinéma et les dépenses fiscales c’est-à-dire les réductions d’impôt au titre de dépenses culturelles (par exemple le mécénat), le budget augmente de 0,4 % pour atteindre 9,9 milliards d’euros. Les crédits du ministère augmentent de 0,7 % tandis que ceux de la « Mission » culture, celle que l’on commente le plus souvent dans Le Journal des Arts, augmente de 1,5 %.

Il est vrai que l’on partait déjà de haut (d’une certaine manière), puisque François Hollande, voulant corriger l’effet désastreux de la baisse de son premier budget culture avait fortement augmenté les moyens de la « Mission » culture pour 2017, la dernière année de son mandat : plus de 6 %.

Avec un budget quasi stable, il est difficile de dégager des moyens supplémentaires pour de nouveaux programmes ou équipements. Ça tombe bien car le candidat Macron, s’était bien gardé de s’engager sur des initiatives fortes. Et les quelques mesures concrètes de son programme - le Pass culture pour les jeunes de 18 ans, l’extension des horaires des bibliothèques, un « Erasmus » des conservateurs et commissaires d’exposition – feront surtout l’objet d’études préparatoires en 2018.

Des gagnants et des perdants
Reste que se dessinent des priorités entre les différents secteurs de la culture. Même si les sommes en jeux ne sont pas considérables, il y a des gagnants et des perdants, au moins symboliques. La presse, les industries culturelles et l’audiovisuel public sont ainsi priés de faire des économies au bénéfice de la « Mission » Culture.

A l’intérieur de la « Mission » culture, les moyens du Patrimoine et de la Création sont rabotés pour pouvoir augmenter ceux de la Démocratisation culturelle. On comprend mieux pourquoi Stéphane Bern (que la ministre a appelé par mégarde Edouard Baer pendant la conférence de presse), le « Monsieur Patrimoine » du président va devoir trouver des financements propres pour ses monuments en péril. Car ceux du public baissent de 0,27 %. Idem pour les musées. Ceux-ci sont incités à « diversifier leurs sources de revenus » pour compenser la baisse de 2,07 %. Les crédits d’acquisition continuent leur dégringolade pour s’établir à 9,5 millions d’euros (-4 %). Ils étaient de 19,5 millions d’euros en 2009.

Si les crédits de paiement du spectacle vivant sont quasi stables à 705 millions d’euros, ceux des arts plastiques (74 millions d’euros) baissent de 4 % en raison « de l’acquisition en 2017 des locaux à Pantin qui accueilleront le Centre national d’arts plastiques ». On confesse ne pas avoir bien compris le raisonnement.

L’éducation culturelle est bien la priorité du nouveau gouvernement. Les crédits du « Programme Transmission des savoirs et démocratisation de la culture » (555 millions d’euros) augmenteront de 5,2 %. Même à l’intérieur de ce « Programme » des priorités se dégagent. Ainsi ceux de l’enseignement supérieur baissent de 3,3 % (par « un effet de périmètre » que là aussi on a pas bien compris) tandis que ceux de l’Education artistique et culturelle augmentent de 47 % pour s’établir à 114 millions d’euros. Le gouvernement veut qu’il y ait une chorale dans chaque établissement scolaire, il veut aussi relancer les Ciné-clubs dans les collèges et lycées. Au total ce sont 35 millions d’euros de mesures nouvelles qui sont annoncées pour les jeunes.

Est-ce un « budget de transformation » comme le nomme la ministre ? C’est dans la mesure de « l’exigence de l’efficacité » en contrepartie des dotations allouées aux uns et aux autres, un engagement du candidat Macron que cela se vérifiera. En d’autres termes, l’Etat sera-t-il plus attentif à l’utilisation des subventions qu’il donne ? Les pourcentages de baisses et de hausses – sauf ceux de l’EAC - sont trop faibles pour marquer une vraie inflexion politique.

Et ce n’est pas la quasi stabilité des budgets, annoncée pour 2019 et 2020 qui va permettre de financer de nouveaux équipements ou programmes au cours du quinquennat Macron.

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La ministre de la Culture Françoise Nyssen - © Photo MCC / Didier Plowy - 17 mai 2017 - Licence CC BY-SA 3.0

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