Société

Un nouveau happening dénudé de Spencer Tunick pour protester contre la censure sur Facebook

Par Sindbad Hammache · lejournaldesarts.fr

Le 8 juin 2019 - 391 mots

NEW YORK / ETATS-UNIS

Le géant du web a finalement accepté de rencontrer des représentants de l’association organisatrice pour discuter du problème.

Portrait de Spencer Tunick en 2011. © Photo Itzuvit
Portrait de Spencer Tunick en 2011.
© Photo Itzuvit

Lancée en avril dernier par la National Coalition Against Censorship (NCAC, Coalition Nationale contre la Censure), la campagne #WeTheNipple va peut-être obtenir gain de cause. Défendant la liberté d’expression artistique sur Facebook et Instagram, la NCAC s’attaque tout particulièrement à la censure de la nudité sur ces plateformes, qui vise quasi exclusivement les nus féminins. En effet, si le téton masculin a droit de cité sur ces réseaux sociaux, la diffusion d’une image de poitrine féminine est systématiquement sanctionnée : un règlement à la fois sexiste et dangereux pour la liberté d’expression, selon la NCAC.

Le point culminant de cette campagne de sensibilisation avait lieu dimanche dernier, au pied du siège social de Facebook. 125 participants étaient réunis par la NCAC et l’artiste Spencer Tunick pour une manifestation dénudée, dénonçant l’absurdité de cette censure : les femmes présentes avaient couvert leur poitrine d’un sticker représentant un téton masculin, rendant leur nudité soudainement légitime.

Happening de l’artiste Spencer Tunick devant l’Opera de Sydney en avril 2011. © Photo NAP310
Happening de l’artiste Spencer Tunick devant l’Opera de Sydney en avril 2011

Parmi les manifestants, on comptait de nombreux artistes, dont le travail avait été censuré par le géant du web. Une censure prise très au sérieux par la NCAC, pour qui Facebook désavantage le travail de certains créateurs avec ses directives puritaines, notamment les artistes queer, qui travaillent essentiellement sur la question du corps. Les réseaux sociaux sont en effet devenus un outil de travail et de communication indispensables pour les créateurs. 

Ces revendications ne sont pas restées lettre morte, puisqu’au lendemain de la manifestation, l’association affirme avoir eu des contacts fructueux avec Facebook. « Un groupe de représentants du monde de l’art, dont des artistes, des éducateurs, des commissaires ainsi que des employés de Facebook » vont être réunis pour « discuter de la question de la photographie de nu artistique, et du dommage causé aux artistes », relate un communiqué de la NCAC.

La réunion devrait se tenir cet été, avec pour objectif l’adaptation de la législation aux besoins des artistes. « Nous nous réjouissons de travailler avec Facebook, et nous sommes rassurés par leur réponse rapide à notre campagne » a confié une représentante de l’association au site Artnet. Il y a un an, Facebook avait assoupli sa politique de censure pour les peintures et les sculptures, après le tollé suscité par certaines censures telle une Vénus préhistorique.
 

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