Justice

Un Cranach confisqué par l’URSS puis les nazis restera au Norton Simon Museum

Par Antonin Gratien · lejournaldesarts.fr

Le 28 mai 2019 - 322 mots

PASADENA / ETATS-UNIS

La Cour suprême des États-Unis a rejeté l’appel de l’héritière d’un collectionneur juif qui demandait la restitution du tableau.

Lucas Cranach l'Ancien, <em>Adam et Eve</em>.
Lucas Cranach l'Ancien, Adam et Eve, détail.

C’est le point final d’un feuilleton judiciaire de onze ans. Un Adam et Ève de Lucas Cranach l’Ancien (1472-1553) demeurera au Norton Simon Museum. Depuis 2007, Marei von Saher avait engagé une bataille contre l’institution californienne pour récupérer ce tableau qui appartenait à son aïeul, Jacques Goudstikker, avant d’être saisi par les nazis.

Lundi 20 mai, la Cour suprême des États-Unis a rejeté l’appel de l’héritière portant sur la décision qui autorisait le musée à conserver le tableau aujourd’hui estimé à 2,4 millions de dollars.

Lucas Cranach l'Ancien, <em>Adam et Eve</em>.
Lucas Cranach l'Ancien, Adam et Eve.

Réalisé vers 1530, le diptyque du Cranach avait initialement été confisqué au russe George Stroganoff-Scherbatoff par le régime soviétique vers 1930. En 1931, Jacques Goudstikker, collectionneur juif de maîtres anciens, en fit l’acquisition auprès du gouvernement russe. 

Contraint de fuir la Hollande lors de l’invasion allemande de 1940, il laissa derrière lui plusieurs œuvres – dont le Adam et Ève, vendu sous la contrainte aux nazis. La guerre terminée, le gouvernement hollandais récupéra le tableau, puis le vendit en 1966 à George Stroganoff-Scherbatoff, qui le réclamait au titre de premier propriétaire.

Cinq ans plus tard, l’homme d’affaires américain Norton Simon lui acheta la toile pour 800 000 dollars afin de l’exposer dans son musée éponyme. Marei von Saher a porté plainte contre l’institution en 2007 afin de récupérer l’œuvre. 

Au terme d’une longue bataille juridique, une cour fédérale a reconnu le Norton Simon Museum comme propriétaire légitime de l’œuvre en 2016. La cour a invoqué le fait que la justice américaine n’était pas en droit d’invalider une décision rendue par un gouvernement étranger – en l’occurrence la Hollande, en 1966.

Après l’échec d’un premier appel auprès de la cour fédérale de San Francisco en juillet 2018, la nouvelle tentative de Marei von Saher pour contester cette décision a donc été rejetée par la Cour suprême lundi 20 mai.
 

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