Justice

Le Norton Simon Museum reconnu propriétaire de deux Cranach

Par Jérémie Glaize · lejournaldesarts.fr

Le 2 août 2018 - 453 mots

SAN FRANCISCO / ETATS-UNIS

La cour d’appel fédérale de San Francisco a confirmé un jugement rendu en 2016 en première instance. 

Lucas Cranach l'Ancien, <em>Adam et Eve</em>.
Lucas Cranach l'Ancien, Adam et Eve, détail.

Une cour d’appel de San Francisco aux États-Unis a rendu son verdict lundi 30 juillet dans une affaire qui dure depuis onze ans et qui oppose le Norton Simon Museum à l’héritière d’un marchand juif spolié. Elle confirme la décision qui avait été prise par un tribunal californien de première instance il y a deux ans.

Lucas Cranach l'Ancien, <em>Adam et Eve</em>.
Lucas Cranach l'Ancien, Adam et Eve.

La cour a reconnu le Norton Simon Museum comme le propriétaire légitime du diptyque Adam et Eve peint par Lucas Cranach l’Ancien vers 1530, que le musée possède depuis 1971. La plaignante Maria von Saher, héritière du marchand hollandais Jacques Goudstikker, réclamait les toiles arguant qu’elles avaient été illégalement acquises par le musée.

Après l’invasion de la Hollande en 1940 et le décès du marchand, les peintures avaient été vendues sous la contrainte aux autorités nazies et étaient entrées en possession du militaire allemand Hermann Göring. Après la guerre, les forces alliées ont rendu les tableaux au gouvernement hollandais. 

Les héritiers ont cependant attendu jusqu’en 1951 pour faire une demande de restitution aux autorités bataves. Faute de revendication, les Pays-Bas ont décidé de vendre les deux pièces en 1966 à un prince russe, George Stroganoff-Scherbatoff, qui a lui-même cédé le diptyque en 1971 à Norton Simon, fondateur du musée éponyme, pour 800 000 dollars (4,2 millions d’euros).

La décision de la cour d’appel, comme celle du premier jugement, invoque le fait qu’une cour de justice américaine n’est pas en droit d’invalider une décision rendue par un gouvernement étranger, en l’occurrence hollandais. Le jugement rappelle que ce dernier « était en droit de vendre cette toile en 1966 et que les héritiers n’ont pas contesté la vente à cette époque ».

Pour la juge Margaret McKeown, en charge de l’affaire : « Le pillage d’œuvres d’arts par les nazis était sans aucun doute une atrocité morale à laquelle nous devons répondre par une décision gouvernementale appropriée. » Elle reconnaît que « cette affaire présente cependant un droit de cession légitime de la part des autorités hollandaises dans la vente, actée, au prince Stroganoff. »

Dans un communiqué, le musée s’est pour sa part dit « satisfait que la cour d’appel ait confirmé le jugement rendu en première instance, basé sur la loi comme sur les faits ». Et d’ajouter : « La décision rendue clôt définitivement cette affaire et nous sommes heureux de pouvoir continuer à rendre ces œuvres accessibles au public, comme nous le faisons depuis 1971. »

Maria von Saher, qui avait récupéré plus de 200 œuvres de la part du gouvernement hollandais en 2006, a déclaré par l’intermédiaire de son avocat être « déçue par la décision de la cour et considérer la prochaine étape dans la bataille juridique longue et frustrante qu’est cette affaire ». 

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