Horizon 2010

Un Centre Pompidou-Metz brumeux

Si le chantier du futur musée lorrain commence à prendre forme, son contenu culturel reste flou.

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 14 octobre 2008 - 659 mots

Le Centre Pompidou-Metz ouvrira ses portes début 2010. Doté d’une surface d’exposition totalisant 5 000 mètres carrés, sa programmation s’appuiera sur les collections du Musée national d’art moderne. Si sa première exposition s’intitule « Chefs-d’œuvre », de nombreux points restent obscurs.

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METZ - La présentation le 9 octobre du projet culturel du Centre Pompidou-Metz a moins levé le voile sur l’identité de la future institution que souligné sa démarcation d’avec la maison mère parisienne. « Le Centre Pompidou-Metz n’est pas une antenne du Centre Pompidou ni un lieu d’exposition de nos réserves », a martelé Alain Seban, président de l’institution parisienne. Dans un document publié pour l’occasion, Laurent Le Bon, directeur de l’Association de préfiguration du lieu, parle, lui, d’une structure singulière, « ni clone ni jumeau pervers ».
À mi-chemin entre musée et centre d’art, le bâtiment conçu par Shigeru Ban et dont l’ouverture est prévue début 2010 n’accueillera pas la programmation de Beaubourg. Doté d’une surface d’exposition totalisant 5 000 mètres carrés, il devra concevoir son propre programme à partir de la collection du Musée national d’art moderne. La pluridisciplinarité, la pédagogie, la médiation, mieux : l’hospitalité, sont les maîtres mots d’un projet encore flou. En mai 2009, un événement baptisé « Constellation » offrira aux Messins un avant-goût de l’esprit du site, marquant au passage sa synergie avec les institutions locales et limitrophes. Intitulée « Chefs-d’œuvre ? », l’exposition inaugurale traitera de l’histoire du goût et des jugements esthétiques. « Lorsqu’on nous demande quelles sont les Joconde de Beaubourg, je dis qu’il n’y en a pas ou qu’il y a des Joconde potentielles. On veut aussi montrer qu’un Matisse vu dans une salle à Paris n’a peut-être pas le même goût à Metz », explique Laurent Le Bon. Celui-ci n’a pas défloré le pan contemporain de cet événement séminal qui devrait durer six mois. Il a préféré en égrener quelques trophées, des Deux péniches d’André Derain au film L’Âge d’or (1930) de Luis Buñuel en passant par la Femme à la guitare de Georges Braque et la Maison tropicale de Jean Prouvé. Histoire de démontrer que les œuvres mandées à Metz ne sont pas sorties des fonds de cale du vaisseau amiral parisien.
De nombreux points restent obscurs, comme la ligne de programmation de la salle de spectacle, les modalités d’échanges et de coproductions avec les villes voisines, la fréquence des expositions et de tous les événements que ce lieu est supposé abriter du matin au soir. Si le contenu semble brumeux, c’est qu’il dépend fortement du budget de fonctionnement, évalué à 10 millions d’euros. Principal financeur du projet, la Communauté d’agglomération de Metz Métropole aimerait bien être délestée d’une partie de la charge. Elle a engagé à cet effet des discussions avec l’État et des sponsors privés.

Enracinement nécessaire
Les acteurs du projet auront surtout mentionné la nécessité d’enraciner cet établissement dans le territoire. Car les Messins ne sont pas aussi pétris d’art contemporain que leurs voisins allemands ou luxembourgeois. Il s’agit aussi d’effacer les grognes nées des retards et autres écarts budgétaires. Le budget de construction est ainsi passé de 37 à 60,7 millions d’euros, financé à hauteur de 34 millions d’euros par la communauté d’agglomération. « La Fondation Louis Vuitton annonce le double de budget d’investissement sur une même surface d’exposition », riposte Laurent Le Bon. Ces dérives avaient néanmoins animé la bataille municipale au printemps dernier. « Il y a eu une inquiétude justifiée avec de gros dysfonctionnements de chantier en 2006 et 2007, reconnaît l’adjoint à la culture Antoine Fonte. Nous avons remis le dossier à plat, fait un état des lieux. Nous sommes entrés dans une phase de déroulement normal de chantier. » Reste la question épineuse de la médiathèque, laquelle, faute d’être intégrée au bâtiment, devrait finalement voir le jour à proximité du Centre Pompidou-Metz, à un emplacement encore indéterminé. L’ouverture de ce lieu pourtant stratégique se fera avec un retard de trois ans par rapport à l’inauguration du musée.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°289 du 17 octobre 2008, avec le titre suivant : Un Centre Pompidou-Metz brumeux

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