Tour d’Europe

À chaque pays ses politiques tarifaires

Le Journal des Arts

Le 22 mai 1998 - 555 mots

En Europe, politiques tarifaires, instances de décision et utilisations des recettes varient nettement d’un pays à l’autre. Côté prix, les musées français se situent dans la tranche supérieure, mais leurs réductions et leurs exonérations sont relativement généreuses et touchent une majorité de visiteurs.

À l’exception de certains établissements britanniques, tels le British Museum, la National Gallery et la plupart des musées municipaux, la tendance européenne est, depuis quinze ans, à la tarification et à l’augmentation des prix. Sur le territoire anglais, le Victoria & Albert Museum s’est résolu, en octobre 1996, à instaurer un droit d’entrée obligatoire. L’Allemagne, qui comptait encore en 1996 une proportion élevée de musées gratuits – 46 % dans l’ex-RFA et 17 % dans l’ex-RDA –, a récemment été gagnée par ce mouvement de tarification. Ainsi, la Ville de Francfort a mis en place des billetteries au début des années quatre-vingt-dix, et la Bavière a supprimé les entrées libres durant les congés scolaires et les dimanches. L’an dernier, la Belgique a vu devenir payantes quatre de ses principales institutions : les Musées royaux des beaux-arts, ceux d’art et d’histoire, le Musée des sciences naturelles et le Musée royal de l’Afrique centrale à Tervuren. Enfin, les églises et les sites archéologiques italiens sont de moins en moins libres d’accès. Le phénomène est désormais général : par exemple, 2 % seulement des musées sont gratuits en France, et 5 % en Hollande.

Autre orientation, l’autonomie des établissements en matière de décision tarifaire. Après les Pays-Bas et le Danemark, la Belgique va à son tour laisser ses musées gérer leurs dépenses et leurs recettes, une tâche déjà souvent assurée par des associations à but non lucratif, comme les Amis de musées. Décentralisation et autonomie accentuent nettement les fourchettes de prix et les différences de régimes d’exonération. En Hollande, le prix d’entrée varie de 1 à 20 florins (entre 3 et 60 francs), et les moins de 18 ans peuvent aussi bien bénéficier de la gratuité ou de réductions que devoir payer plein tarif. En Italie, au contraire, les catégories de visiteurs exonérés sont fixées par décret ministériel, de même que les prix, compris entre 4 000 et 12 000 lires (de 13,50 à 40,50 francs). Cependant, les musées italiens eux aussi se libèrent un peu du contrôle central strict. Jusqu’en mars 1997, les droits d’entrée étaient des taxes versées au Trésor. Désormais, il s’agit de véritables billets, susceptibles d’être vendus groupés ou d’être réservés à l’avance auprès de n’importe quelle agence.

Une constante européenne
Mais quelles que soient les instances de décision, une constante revient : fréquentation touristique et tarifs élevés vont de pair. Les musées les plus chers se trouvent en Italie, en Angleterre, en France et en Hollande, tandis que l’Espagne et l’Allemagne restent assez raisonnables (voir l’encadré ci-dessous). Cependant, pour être juste, cette analyse doit également prendre en compte les régimes d’exonération. Dans ce domaine, la France et l’Espagne se montrent parmi les plus généreuses, avec des taux d’entrée gratuite ou à tarif réduit importants. La pertinence des catégories visées par ces avantages est plus subjective. Si les moins de 18 ans et les handicapés font à peu près l’unanimité, le troisième âge et les étudiants sont traités de manières très diverses. Enfin, fait suffisamment rare pour être signalé, les musées municipaux belges offrent presque toujours l’entrée aux habitants de leur ville.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°61 du 22 mai 1998, avec le titre suivant : Tour d’Europe

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