Politique

Quand le monde culturel affronte le suffrage universel

Par Véronique Pierron · Le Journal des Arts

Le 10 mars 2020 - 721 mots

FRANCE

Patrick de Carolis, Franck Riester ou Jean-Jacques Aillagon, plusieurs têtes d’affiche du monde de la culture se sont lancées à la conquête de municipalités.

Patrick de Carolis, 2010. © Siren-Com. CC BY-SA 3.0
Patrick de Carolis.
Photo Patrick de Carolis, 2010

Élections municipales. Mais quelle idée a donc piqué l’artiste Grégory Watin quand il a accepté la tête de liste EELV pour la Mairie d’Arras ? Il est à lui seul une petite révolution dans le Landernau culturel en tant qu’unique artiste professionnel candidat et prêt à en assumer toutes les fonctions. « Je suis à la bonne place », se défend-il dans un sourire. « Un artiste est par essence engagé, il regarde la société et l’évolution du monde, de même que l’écologie, au sens large, a toujours existé dans mon œuvre où je recentre l’homme dans son environnement. » Le programme culturel de ce plasticien aujourd’hui exposé dans le monde entier, sera de « placer l’artiste dans la ville en mettant à sa disposition des résidences au cœur des quartiers ».

Un objectif partagé par Françoise Pams qui a fait de la culture la colonne vertébrale de son existence. De la venue de Maurice Béjart aux arènes d’Arles imaginée avec Jack Lang, à la création du Festival Montpellier Danse en passant par les manifestations hors les murs du Centre Pompidou, elle n’a eu de cesse de faire sortir la culture des lieux fermés. Aujourd’hui, Françoise Pams s’attelle à un autre combat tout aussi culturel, en s’investissant sur la liste de Nicolas Koukas, candidat PCF à la Mairie d’Arles. « En tant que citoyenne, je refuse la possibilité d’une ville gagnée par le Rassemblement National, ou toute autre faction de la droite dure, explique-t-elle. Je partage avec Nicolas Koukas, les mêmes valeurs progressistes, solidaires et écologiques. »

Arles est décidément une ville qui attire bien des étoiles de la culture. Au même moment, l’ancien patron de France Télévisions, Patrick de Carolis, brigue la Mairie à la tête d’une liste sans étiquette. « Arles m’a révélé et construit en art et en culture », explique cet éternel amateur de culture dont il a imprégné des créations télévisuelles comme Des Racines et des Ailes. Il explique son engagement en déniant « toute ambition politique », mais explique qu’« il arrive un temps où, gorgé d’expériences, on a envie de rendre ce qui nous a été donné ». Il précise toutefois que « devenu maire, je me présenterai aussi à la présidence de la communauté d’agglomération ». Une manière d’avoir les coudées franches.

Aillagon à Plougasnou

Expérience toujours, c’est le sens que donne à son engagement, l’ancien ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon en se présentant sur la liste de la maire socialiste de Plougasnou, Nathalie Bernard. « C’était pour moi un devoir de mettre au service de ma commune et de mes concitoyens, ma part de disponibilité, mon expérience, ma connaissance de l’administration de la vie politique », explique l’ancien ministre. Pourtant, ce n’est pas la première fois qu’il se frotte au suffrage universel. « De 2004 à 2010, j’ai exercé le mandat de conseiller régional de Lorraine, ce qui m’a permis de suivre la mise en œuvre du Centre Pompidou-Metz, un projet que j’avais engagé en tant que président du Centre Pompidou, puis accéléré comme ministre de la Culture ».

Du côté de Perpignan, c’est l’ex-directrice du Musée d’art Hyacinthe-Rigaud, Claire Muchir, qui a décidé de rejoindre la liste du candidat LRM, Romain Grau. Celle qui est, depuis septembre dernier, aux commandes du Musée d’art moderne de Collioure, n’a pas quitté ses fonctions à Perpignan en bons termes avec la majorité municipale, mais elle veut aujourd’hui se projeter sur l’avenir en travaillant à créer « du lien dans une ville qui en a cruellement besoin », expliquait-elle au journal régional L’Indépendant.

Il y a ceux enfin, attachés viscéralement à leurs villes à l’instar du ministre de la Culture actuel, Franck Riester, qui a décidé de se présenter à Coulommiers en tête de liste malgré ses fonctions ministérielles. « Coulommiers, c’est la ville où j’ai grandi, la ville où j’habite et c’est pour elle et pour ses habitants que j’ai fait le choix de m’investir en politique », explique celui qui a été maire de cette ville de 15 000 habitants entre 2008 et 2017. Toutefois pas de démission pour le ministre en cas de victoire, il laissera son fauteuil de maire à l’adjointe à l’urbanisme Laurence Picard. Et le jour où il ne sera plus ministre ? « Si je conduis cette liste, c’est pour, effectivement, le moment venu, redevenir maire de Coulommiers. »

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°540 du 28 février 2020, avec le titre suivant : Quand le monde culturel affronte le suffrage universel

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