Plus moderne et international

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 14 mars 2012 - 805 mots

Rendez-vous annuel des amateurs de papiers, le Salon du dessin, qui se tient à Paris au palais Brongniart, accueille une majorité de galeries étrangères très portées sur l’art du XXe siècle.

Le Salon du dessin aborde sereinement sa 22e édition au palais de la Bourse, à Paris, bénéficiant d’une réputation de sérieux et de qualité. Sa formule unique, concentrée sur un médium, conduit chaque année les amoureux de feuilles anciennes à croiser les amateurs d’art moderne et, depuis quatre ans, les collectionneurs de papiers contemporains. « Cette année pour la première fois, le nombre d’exposants étrangers dépassent les Français, soit 21 galeries sur 39 », se félicite Hervé Aaron, président du Salon du dessin, voyant dans cette internationalisation accentuée le signe d’une reconnaissance mondiale accrue du salon.

Chaque année, le salon se renforce en faveur de l’art du XXe siècle. Sur les cinq nouveaux participants de l’édition 2012, quatre viennent des quatre coins de l’Europe. Installée à Frechen près de Cologne, la galerie allemande Kewenig propose un ensemble d’œuvres des années 1960 à aujourd’hui, signées notamment A. R. Penck, Christian Boltanski, Marcel Broodthaers, Markus Lüpertz et Pavel Pepperstein. Pour sa première participation, le Londonien Richard Nagy ornera son stand de dessins d’artistes issus d’écoles allemandes et autrichiennes, comme Egon Schiele, Gustav Klimt et George Grosz. Ces derniers seront également visibles à la galerie viennoise Wienerroither & Kohlbacher, laquelle fait son retour cette année. Autres nouveaux venus, le Madrilène Guillermo de Osma avec des œuvres d’artistes dada, surréalistes et constructivistes, et la galerie Ditesheim de Neufchâtel (Suisse), qui présente un dessin au crayon des années 1920 d’Alberto Giacometti, un très beau fusain d’Odilon Redon, une suite inédite de pastels en hommage à Redon par Irving Petlin ainsi que des œuvres d’Erik Desmazières.

Deux galeries new-yorkaises (sur les quatre présentes) reviennent enrichir la programmation moderne et contemporaine : une gouache de 1971 d’Alexander Calder ; un Personnage dans un paysage (1960) à l’encre par Jean Dubuffet et une Jeune fille au chapeau (1919) au crayon d’Henri Matisse chez Jill Newhouse. Tandis que, parallèlement aux œuvres de Georg Baselitz, Alexander Ross ou encore Jim Nutt, David Nolan montrera le travail de l’artiste berlinoise Jorinde Voigt, qui compte parmi les nommés en 2012 pour le Prix de dessin contemporain de la Fondation Daniel et Florence Guerlain, et des dessins de la Chilienne Sandra Vásquez de la Horra, laquelle a remporté ce même prix en 2009. On verra également plusieurs pièces de cette dernière à la galerie Kewenig, preuve de l’impact des prix artistiques sur le marché.

Seconde école de Paris
« Nous avons évolué vers le moderne, lance le Parisien François Lorenceau. Lors de la toute première édition du Salon, nous présentions du XIXe classique pour une clientèle qui a aujourd’hui disparu. Notre plus récent dessin était alors un Picasso du début du XXe siècle ! » À présent, la galerie Brame & Lorenceau a réduit sa sélection XIXe à une gouache de Paul Sérusier, une vue de Paris aquarellée de Johan Barthold Jongkind et deux paysages d’Auvergne de Jean-François Millet. Son accrochage sera mis en valeur par deux aquarelles cubistes d’Albert Gleizes, une suite de trois gouaches « chamaniques » sur feuilles de bambou exécutées par Victor Brauner ou encore une Composition jaune et bleue (1960) à la gouache par Sam Francis. Pour sa deuxième participation, Franck Prazan revient avec un panorama d’œuvres abstraites sur papier de la seconde école de Paris, que beaucoup d’amateurs voient comme une alternative à une peinture qui se raréfie ou qu’ils n’ont plus les moyens d’acheter en raison de sa très grande valorisation. Il présentera aussi un chef-d’œuvre moderne d’Otto Freundlich, L’Œil cosmique, pastel sur carton de 1921-1922. Par goût personnel, Éric Coatalem a toujours jonglé avec l’art ancien et l’art moderne, même si les clientèles en sont distinctes. « Un amateur de Klimt ne va pas acheter un Fragonard et vice versa », reconnaît le marchand parisien qui traverse quatre cents ans de création, depuis un Portrait d’homme (1560) par Jean Decourt jusqu’à une encre et collage signée Ben Nicholson et datée 1965. « Quelle que soit l’époque, c’est la qualité qui prime. Les collectionneurs sont sélectifs », soutient l’intéressé. Fort de belles pièces signées Kees Van Dongen, André Lhote ou Fernand Léger, le Parisien Antoine Laurentin réitère l’expérience réussie de l’an passé en réservant une cimaise aux récents dessins de l’artiste Françoise Pétrovitch, dans une fourchette de prix incitant aux coups de cœur (1 500 à 3 000 euros).

SALON DU DESSIN 2012

Organisation : Société du Salon du dessin
Nombre d’exposants : 39
Coût du stand : 20 000 € HT
Nombre de visiteurs en 2011 : 12 500

Du 28 mars au 2 avril, 12h-20h30 (nocturne le 29 mars jusqu’à 22h, fermeture le 2 avril à 20h), palais Brongniart, palais de la Bourse, place de la Bourse, 75002 Paris, www.salondudessin.com 

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°365 du 16 mars 2012, avec le titre suivant : Plus moderne et international

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