Archéologie - Justice

Nouvelle condamnation dans l’affaire du trésor de Lava

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 12 avril 2024 - 509 mots

Félix Biancamaria a été condamné à un an de prison avec sursis pour le recel d’un plat en or. La défense s’apprête à contester la qualification de « bien culturel maritime ».

Plat en or massif du trésor romain de Lava. © S. Cavillon / Ministère de la Culture / Drassm
Plat en or massif du trésor romain de Lava.
© S. Cavillon / Ministère de la Culture / Drassm

Marseille. À l’automne 2023, c’était sur le plateau de l’émission de télévision « Touche pas à mon poste ! » – présentée par l’animateur Cyril Hanouna sur C8 – que Félix Biancamaria narrait son improbable histoire de pêche aux oursins miraculeuse, lors de laquelle il aurait fortuitement découvert un trésor monétaire en or datant du IIIe siècle. L’heureux pêcheur s’exprimait à l’occasion de la promotion du film Inestimable (réalisation Éric Fraticelli), inspiré de cette découverte survenue en 1985 dans la baie de Lava au large d’Ajaccio, en Corse, une comédie banalisant le recel et la vente de biens culturels sur le ton de l’humour.

Fin janvier, c’est devant le tribunal correctionnel de Marseille que Félix Biancamaria a dû renouveler ce récit, face à une audience moins conciliante : le ministère public a requis contre lui deux ans d’emprisonnement et une amende de 150 000 euros pour « recel de vol »et « détention d’un bien culturel maritime présentant le caractère d’un trésor national », et son « importation en contrebande ». Le verdict rendu le 27 mars dernier s’est montré plus clément, condamnant le pêcheur corse à douze mois de détention avec sursis et une amende de 100 000 euros. « Nous ne faisons que poser les jalons d’un long combat judiciaire », déclarait l’une des avocate de Félix Biancamaria, Me Amale Kenbib, auprès de nos confrères du Figaro.

Éboulement « vs » naufrage

Remettant en cause l’indépendance de la justice dans ce dossier, Me Kenbib entend faire appel du jugement prononcé le 27 mars, en contestant la qualification de « bien culturel maritime ». La défense envisage de jouer sur la distinction entre les biens découverts dans le domaine maritime, qui sont la propriété de l’État, et ceux trouvés sur terre, dont l’inventeur peut revendiquer une partie. Les hypothèses archéologiques évoquent un naufrage ou une cargaison perdue, une thèse contestée par les avocates de Félix Biancamaria : celles-ci examinent la possibilité d’un éboulement depuis la côte, qui irait dans le sens de leur client.

Déjà condamné pour « recel et détournement d’épave maritime » en 1994 dans cette affaire, avec son frère Ange et leur ami Marc Cotoni, Félix Biancamari comparaissait cet hiver pour le recel d’un plat en or datant du IIIe siècle, une pièce maîtresse du trésor de Lava. En octobre 2010, il est arrêté sur le quai de la gare SNCF de Roissy-Charles-de-Gaulle, en possession du plat dont les enquêteurs de l’Office central de lutte contre les biens culturels avaient perdu la trace. Devant le tribunal correctionnel de Marseille, le pêcheur corse persistait à revendiquer la propriété de ce plat. Au cour du procès, le procureur Michel Sastre rappelait quant à lui que les pêcheurs corses avaient « détruit un pan entier du savoir » en pillant le trésor de Lava, soulignant les nombreuses déclarations contradictoires de Biancamaria dans un livre autobiographique paru en 2004 aux éditions Élan Sud.

Inestimable : Félix Biancamaria, le véritable découvreur du trésor de Lava © ALLOciné

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°631 du 12 avril 2024, avec le titre suivant : Nouvelle condamnation dans l’affaire du trésor de Lava

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