Collectionneurs - Disparition

Nombreuses réactions après le décès d’Eli Broad

Le monde de l’art rend hommage au mécène et collectionneur qui a transformé le paysage culturel de Los Angeles.

Los Angeles.« C’était un philanthrope exceptionnel », se souvient Jeff Koons. Disparu le 30 avril des suites d’une longue maladie, Eli Broad « aura influencé le monde américain de l’art bien davantage que n’importe quel autre collectionneur de sa génération », commente le marchand américain Jeffrey Deitch.

Né à New York en 1933, ce fils d’immigrés lituaniens, expert-comptable de formation, a bâti au cours de sa vie un vaste empire dans l’immobilier et les assurances qui lui a permis d’amasser une fortune personnelle estimée par le magazine Forbesà 6,9 milliards de dollars. À Los Angeles, où il s’est installé avec son épouse Edythe en 1963, il a mené « une carrière de collectionneur impressionnante de longévité », selon les mots du peintre Mark Bradford, jusqu’à devenir « une figure incontournable de la scène artistique de la ville ».

À l’annonce de son décès, de nombreux artistes ont tenu à lui rendre hommage. « Le fait qu’il décide d’accompagner mon travail lorsque j’étais jeune artiste a eu une portée immense, commente Eric Fischl, il m’a mis dans la lumière. » Jeff Koons salue celui qui fut pour lui « un mentor extrêmement important ». Robert Longo garde quant à lui en mémoire son « soutien constant » : « comme jeune artiste, ce soutien fut inestimable ; comme artiste moins jeune, ce soutien devint encore plus inestimable ».

Le Moca, le Lacma, The Broad…

Au cours de sa vie, Eli Broad a réuni avec son épouse une collection de près de 2 000 œuvres d’art moderne et contemporain, estimée au total à près de 2 milliards de dollars. Ces œuvres sont pour la plupart d’entre elles exposées dans les musées qu’il a contribué à fonder et financer : « Il a participé à la fondation du Museum of Contemporary Art de Los Angeles, il est à l’origine du nouveau Los Angeles County Museum of Art (Lacma), il a créé The Broad : la passion intime d’Eli pour l’art contemporain fut centrale dans ses efforts pour faire de Los Angeles une ville meilleure »,écrit Michael Govan, directeur du Lacma.

Fondé en 2015 sur Grand Avenue, au cœur du centre-ville de Los Angeles qu’il a aidé à revitaliser, The Broad fut le dernier grand projet d’Eli Broad : le musée conserve sa collection d’art contemporain. Joanne Heyler, directrice de la jeune institution, évoque une personnalité qui « ne se contentait pas de signer des chèques mais qui savait aussi faire pression sur ses pairs, comme lorsqu’il a fallu les mettre à contribution pour construire le Disney Hall ». Situé en face du musée, le Walt Disney Concert Hall, conçu par Frank Gehry et inauguré en 2003, doit beaucoup à Eli Broad, qui fut à l’origine du projet. Pour l’architecte Liz Diller, ces deux bâtiments traduisent « une véritable vision pour la transformation du centre-ville de L.A. ». Il voulait faire de sa ville « une capitale artistique », ajoute Joanne Heyler.

« Je crois qu’Eli s’est senti si chanceux de pouvoir s’élever socialement qu’il a ressenti l’immense besoin de faire en sorte que chacun puisse avoir l’opportunité d’une ville meilleure », analyse Jeff Koons, qui célèbre une personnalité « au service des gens, pas seulement dans le domaine des arts, mais aussi dans celui des sciences et de l’éducation ». Interrogé sur son parcours dans un entretien accordé à la chaîne de télévision CBS en 2011, Eli Broad expliquait : « Ce ne sont pas les banquiers, les avocats ou les hommes d’affaires qui façonnent les civilisations. Ce sont les arts. »

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°567 du 14 mai 2021, avec le titre suivant : Nombreuses réactions après le décès d’Eli Broad

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